The Walking Souris : Scurry

Un groupe de souris domestiques lutte pour survivre à un long et étrange hiver. Les humains ont disparu, le soleil se pointe rarement et une pluie froide et sombre empoisonne tout ce qu’elle touche. Les souris, qui dépendaient des humains pour se nourrir, s’accrochent obstinément à leurs vieilles habitudes, pillant les maisons abandonnées à la recherche des restes qu’elles peuvent trouver…
~ Scurry, tome 1 : La colonie condamnée, de Mac Smith – Delcourt
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Voici ma lecture d’Halloween ! Un crâne sur la couverture, des couleurs sombres et automnales, une lecture graphique rapide : que demander de plus pour une telle journée ?

D’ordinaire avec les graphiques, j’ai la sensation de survoler l’histoire et ses personnages plus que d’y plonger tête la première. Ça ne m’empêche pas forcément d’apprécier, mais me laisse souvent un arrière-goût de « j’en aurais voulu davantage ». Dans Scurry, j’ai été happée dès le début. L’efficacité de la narration et la présentation des personnages m’ont immédiatement convaincue, et j’ai vécu cette lecture avec beaucoup d’intensité et d’émotions.

Et quelles émotions… Plus que dans un univers effrayant, on est ici face à une situation complexe, où la survie d’un peuple de souris est en péril. Un peu à la « The Walking Dead », le danger réside autant dans la menace au-dehors que parmi les individus du groupe… Ce fut donc une agréable surprise, d’autant plus que la narration traite son sujet de souris et de chats avec une maturité à laquelle je ne m’attendais pas.

Et vous, quelle a été votre lecture d’Halloween ? Ou la lecture qui, selon vous, correspond le mieux à la saison ?

Bouleversante épopée dans les Mémoires de la Forêt

Dans la forêt de Bellécorce, au creux du chêne où Archibald Renard tient sa librairie, chaque animal qui le souhaite peut déposer le livre qu’il a écrit et espérer qu’il soit un jour acheté. Depuis que ses souvenirs le fuient, Ferdinand Taupe cherche désespérément à retrouver l’ouvrage qu’il a écrit pour compiler ses mémoires, afin de se rappeler les choses qu’il a faites et les gens qu’il a aimés. Il en existe un seul exemplaire, déposé à la librairie il y a des années. Mais justement, un mystérieux client vient de partir avec… À l’aide de vieilles photographies, Archibald et Ferdinand se lancent sur ses traces en forêt, dans un périple à la frontière du rêve, des souvenirs et de la réalité.
~ Mémoires de la forêt : Les souvenirs de Ferdinand Taupe, de Mickaël Brun-Arnaud, illustré par Sanoe – L’École des Loisirs
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’une masse critique Babelio : merci à la maison d’édition pour sa confiance !

La couverture et ses couleurs, le titre et le résumé, les retours plus que positifs… Tout dans cet ouvrage inspire une douceur et une tendresse que j’avais profondément envie de découvrir !

À lecture des premières pages, le ton très jeunesse a un tout petit peu refroidi mes attentes : même si je m’attendais à un texte jeunesse, je n’allais peut-être finalement pas être autant emportée que je le pensais par cet aspect très marqué. Et puis…

Et puis l’ambiance était au rendez-vous. Je n’étais pas lectrice, j’étais visiteuse de Bellécorce, minuscule souris qui suivait discrètement les personnages dans leurs péripéties. J’ai vu la lumière au travers des branches, j’ai senti les feuilles sous mes pieds, j’ai senti et goûté chacune des pâtisseries… Et, surtout, je me suis profondément attachée à ce duo de personnages que lie une très belle et émouvante amitié.

Finalement, le ton est juste comme il faut : il fallait simplement le temps que je passe d’un monde à l’autre… Le sujet de la maladie est amené avec subtilité, et l’auteur est parvenu à l’aborder d’une manière particulièrement lumineuse. Loin de plonger dans le deuil et la nostalgie, magnifiquement illustré, le récit est une ode à la beauté des souvenirs et à la valeur de l’amitié ; il va au-delà de la maladie, aborde de nombreuses autres thématiques, et crée une bulle de bienveillance et de belles valeurs. J’ai été profondément touchée, j’ai fini le roman avec la larme à l’oeil, et je suis persuadée que son écho résonnera encore longtemps en moi…

Si ce n’est pas encore fait, je vous conseille chaleureusement d’aller découvrir cette pépite ! Elle vous touchera peut-être moins (peut-être plus ?) que moi, mais je suis certaine qu’elle vous fera passer un moment tout doux au cœur de la forêt…

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Kra : curieux voyage au pays de l’Ymr

Une corneille seule n’est pas une corneille.
Une corneille ne tue jamais une autre corneille.
Dans un futur proche ravagé par la pollution, un vieil homme nous raconte qu’une Corneille nommée Dar Duchesne – la première de tous les temps à avoir porté un nom – lui a raconté ses nombreuses vies et morts au pays de Kra…
~ Kra : Dar Duchesne dans les ruines de l’Ymr, de John Crowley – L’Atalante
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Est-ce que j’aurai réellement les mots pour décrire l’expérience que fut cette lecture ? Je n’en suis pas certaine. J’espère avoir au moins les mots pour vous convaincre de lui donner une chance, vous aussi…

Le résumé en dit peu, et c’est effectivement, concrètement, tout ce qu’il y a à en dire : un corbeau raconte ses nombreuses vies, alors que l’humanité se déroule devant ses yeux… Non pas des yeux de personnage, de narrateur, mais bien des yeux de corbeau : la plupart du temps, il ne comprend pas vraiment les humains et leurs sociétés, leurs croyances, leurs concepts. Il n’est qu’un corbeau, pragmatique, curieux, et très, très âgé.

Par cette approche profondément déconcertante, tel une bourrasque de plumes et de cris, le récit aborde tant de choses ! On y parle de la vie, de la mort, de la religion et de la spiritualité, de l’évolution, du monde réel et de l’au-delà, d’un monde peut-être entre les deux. On y parle de voyage, d’identité, de famille, d’amitié et d’amour, de relations jamais vraiment définies. On y parle des humains, des corbeaux, d’autres animaux, des sociétés, des communautés. On y parle du temps, aussi, un peu, et de bien d’autres choses encore…

C’est un récit dont on suit le fil sans jamais vraiment savoir où il nous mène, mais sans pour autant pouvoir le lâcher. Par des mondes réels et imaginaires, présents et passés, il m’a emportée, fascinée, presque hypnotisée. Au travers des yeux de Dar Duchesne, le monde paraît si vaste et si étrange, et pourtant d’une simplicité singulière ! Pour finir, le roman se termine presque comme un soupir : celui qui relâche la lente tornade des nombreuses vies de Dar Duchesne, le poids de tant de choses vécues, celui qui ramène, tout doucement et un peu à contrecœur, à la vie réelle…

Si ce roman vous interpelle, n’hésitez pas, donnez-lui une chance. Lisez-le, laissez-le vous emporter et vous bouleverser. Et qui sait, peut-être vous mettrez-vous, vous aussi, à chercher le long des routes et dans les champs ce vieux corbeau à la joue blanche…

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