Tolkien conteur : d’une anecdote à l’épopée de Roverandom

Le jeune Michael Tolkien a perdu son jouet fétiche, un petit chien de plomb. Pour le consoler, son père imagine un conte extraordinaire. Celui du jeune chiot Rover qui, pour s’être montré insolent avec un magicien, est transformé en minuscule jouet. Une nuit, Cendré le goéland l’emporte vers la lune. Rover y découvre alors le Lunehomme et le Lunechien, le Dragon Blanc et son nouveau nom : Roverandom.
~ Roverandom (lu en V.O.), de J.R.R. Tolkien – Harper Collins
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Si vous vous êtes déjà penché.e.s sur ce court récit de l’illustre J.R.R. Tolkien, vous aurez certainement entendu parler de son contexte de publication : en vacances sur la côte anglaise, l’un de ses fils égare son jouet en forme de chien, et Tolkien décide de le réconforter en inventant au jouet une histoire remplie de péripéties !

Je pense qu’il est important de connaître cette anecdote au moment d’entamer la lecture de Roverandom, puisqu’elle explique certains éléments qui, sinon, peuvent à mon avis paraître hors de propos ou trop peu approfondis. Le rythme est lui aussi un peu particulier, alternant entre aventures effrénées et longs passages tranquilles : il résulte je pense de l’écriture épisodique de l’auteur, qui avançait au fil de son inspiration et qui n’a ensuite que très peu retravaillé ce texte. Enfin, j’ai retrouvé dans la narration de Roverandom l’oralité que j’avais adorée dans Le Hobbit, et qui est ici encore plus marquée : si on tend bien l’oreille, on peut presque entendre la voix de Tolkien lui-même lorsqu’il lit chaque épisode à ses enfants installés autour de lui…

J’ai beaucoup aimé retrouver ce qui fait, au fil de ses récits et poèmes, l’imaginaire de Tolkien : un mélange de conte, de mythologie et d’éléments qui lui sont propres. J’ai repéré plein de liens avec son univers de la Terre du Milieu, et j’ai découvert d’autres univers et personnages que j’aurais adoré explorer davantage, notamment le monde de la Lune, son Lunehomme et son Lunechien, Psamathos le sorcier…

Cette édition en V.O. est accompagnée, en plus d’une introduction passionnante, de tout un ensemble d’illustrations, que j’ai adoré découvrir et fur et à mesure du texte. J’aime beaucoup l’ambiance que dégagent en général les illustrations de Tolkien, avec ce dessin imparfait et cette palette de couleurs si particulière, et je trouve que ça rajoute beaucoup à l’expérience de lecture de découvrir les deux éléments ensemble comme ce fut le cas ici.

Que vous ayez déjà découvert l’univers de la Terre du Milieu ou non, je vous conseille chaudement la découverte de ce court texte ! Il n’est pas exempt de défauts, mais il est rempli de cette magie « simple » du conte, et propose un voyage doux et dépaysant à souhait. Et vous, vous l’avez lu ? Quels autres écrits de l’auteur avez-vous déjà découverts ?

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Le Hobbit : Tolkien, raconte-moi une histoire…

Bilbo, comme tous les hobbits, est un petit être paisible et sans histoire. Son quotidien est bouleversé un beau jour, lorsque Gandalf le magicien et treize nains barbus l’entraînent dans un voyage périlleux. C’est le début d’une grande aventure, d’une fantastique quête au trésor semée d’embûches et d’épreuves, qui mènera Bilbo jusqu’à la Montagne Solitaire gardée par le dragon Smaug…
~ The Hobbit, de J.R.R. Tolkien – Harper Collins
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Dès que j’ai repéré cette édition en VO, avec sa jaquette à la sublime illustration cachant un petit livre hardback vert, je j’ai pas pu résister ! Je l’ai pris, et une chose en entraînant une autre, je l’ai commencé…

Parcourant la préface en diagonale, j’ai appris que Tolkien avait lu ce texte à ses enfants alors qu’il travaillait sur son écriture. Que cette anecdote soit vraie ou non, mon imagination s’en est emparée, et tout au long de ma lecture la figure de Tolkien apparaissait, installé au coin du feu avec ses enfants, leur racontant lui-même les aventures de Bilbo et des Nains… J’ai redécouvert la profonde dimension orale de ce texte, qui semble presque avoir été écrit pour la lecture à voix haute : le narrateur s’adresse régulièrement à son lectorat, ou fait des écarts que seul un conteur ferait. J’ai beau avoir écouté ce roman un certain nombre de fois dans sa version audio française (que je conseille chaleureusement, au passage !), j’ai trouvé une saveur particulière à pouvoir lire en Anglais les mots que j’imaginais Tolkien lire à ses enfants…

De manière générale, j’ai énormément aimé me replonger dans le récit de toutes ces péripéties, qui donnent vraiment au roman son format de « conte initiatique ». Plus que tout, je me suis attachée à ce Hobbit sans histoires qui, peu à peu, devient ce qu’il n’a jamais (ou toujours ?) été. Avec cette relecture, j’ai aussi davantage apprécié la différence de caractère entre Bilbo et les Nains, savourant l’humour très anglais du Hobbit face au pragmatisme rustique des Nains.

Malgré une PàL difficile à réduire, Le Hobbit est un roman que je ne rechigne jamais à relire, quelle que soit la version. J’aime énormément l’entièreté de l’univers créé par Tolkien, mais ce roman-là a ce petit quelque chose en plus de chaleureux et de réconfortant, qui fait que je m’y replonge toujours avec un bonheur tout particulier…

Et vous, quel livre vous fait cet effet-là ? Vous avez déjà lu Le Hobbit ?

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Retour en Terre du Milieu : relecture intégrale du Seigneur des Anneaux, de J.R.R. Tolkien

Une contrée paisible où vivent les Hobbits. Un anneau magique à la puissance infinie. Sauron, son créateur, prêt à dévaster le monde entier pour récupérer son bien. Frodo, jeune Hobbit, détenteur de l’Anneau malgré lui. Gandalf, le Magicien, venu avertir Frodo du danger. Et voilà déjà les Cavaliers Noirs qui approchent…
C’est ainsi que tout commence en Terre du Milieu entre le Comté et Mordor. C’est ainsi que la plus grande légende est née.
~ Le Seigneur des Anneaux, Intégrale, de J.R.R. Tolkien – Éditions Pocket (2018) – nouvelle traduction de Daniel Lauzon
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Après avoir lu le Seigneur des Anneaux adolescente, j’en ai été tellement marquée que l’univers est toujours resté avec moi, et que j’ai toujours continué d’y naviguer, explorant les films de Peter Jackson, les autres adaptations, les autres écrits de l’auteur, le MMO… Pourtant, je n’ai jamais vraiment relu cette « trilogie originelle », et récemment le besoin s’en est fait urgent ! Profitant d’avoir pu mettre les mains sur la nouvelle traduction, je m’y suis plongée avec délectation.

Au premier abord, cette nouvelle traduction déstabilise : la majorité des noms ont été modifiés, et il faut reprendre ses repères… Mais au-delà de ça et d’une ou deux phrases un peu bancales dans l’introduction, j’ai été plutôt conquise. À vrai dire, je suis loin de connaître la première traduction par cœur, et n’ai pas vraiment cherché à faire la comparaison : j’observe simplement que cette lecture de la nouvelle traduction s’est faite sans accrocs !

J’ai pu constater que le Seigneur des Anneaux, et la Terre du Milieu de manière générale, est resté même aujourd’hui un univers qui me touche particulièrement. Je pense qu’après toutes ces années passées à l’explorer de différentes manières, cette relecture m’a d’autant plus happée : en ayant beaucoup joué au MMO par exemple, je connais très bien certaines régions pour m’y être « promenée » un paquet de fois, et y retrouver les personnages rend leurs aventures d’autant plus réalistes à mes yeux. Il en va de même pour certains peuples, certains pans de l’histoire, qui me sont plus familiers maintenant, et qui ont participé à apporter encore davantage de profondeur à cette relecture.

Encore un moment magique, donc, plongée dans l’univers de J.R.R. Tolkien, et qui m’a fait un bien fou… Et maintenant, je m’attaque (enfin) au Silmarillion ?