Dompteur d’avalanches, une fantasy des alpages

Ditto, quatorze ans, tient lieu de guide à des excursionnistes venus des plaines. Un jour, lors de l’attaque d’un monstre des cimes, il se découvre un don pour déclencher avalanches, coulées et crues. Un don puissant.
Or les écouleurs sont craints et haïs par les montagnards. Bientôt, Ditto se retrouve dans la peau d’un paria et contraint à la fuite. En compagnie d’amis inattendus , il va demander son aide à la Lorlaïe, la nymphe du grand glacier.
Mais le marché que lui propose cette dernière lui paraît inacceptable…
~ Le Dompteur d’avalanches, de Margot Delorme – Les Moutons Électriques
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’un service presse : merci à la maison d’édition pour sa confiance !

Toujours adepte des univers qui s’écartent un peu des sentiers battus, j’ai été ravie de pouvoir découvrir ce roman, dont j’ai pourtant très peu entendu parler.

Dès le début, j’ai été marquée par le ton plus jeunesse que ce à quoi je m’attendais. Rien de dérangeant cela dit : une fois ce fait accepté, on profite du récit qui se déroule… J’ai aussi été frappée par l’ambiance, très bien retranscrite : dans ce petit village de montagne, on entend les cloches des vaches, on voit les habitants avec leurs gilets en peau de mouton, on sent les odeurs du fromage et des pâturages, on aperçoit même quelques marmottes… Couplé avec le format audio, j’ai adoré ce ton de conte montagnard chaleureux et réconfortant.

J’ai également beaucoup aimé l’aspect initiatique de l’aventure dans laquelle est propulsé le personnage principal, Ditto. Alors qu’il se découvre une magie inconnue, tout un univers s’ouvre à lui et se dévoile petit à petit. Au fur et à mesure de sa progression, il fait la rencontre de nouvelles créatures aux pouvoirs inédits, et si j’ai pu trouver brièvement des airs de catalogue à cette succession de personnages, elle souligne bien l’immersion de Ditto dans ce nouvel univers, l’acceptation et l’apprentissage de son nouveau don.

Je déplore malheureusement l’intrigue très linéaire, certes propre au format du récit initiatique, mais où j’ai trouvé la progression presque trop facile pour les protagonistes. Cela dit, l’aspect conte du récit contrebalance très bien ce léger défaut, puisque j’ai finalement adoré suivre ces aventures, m’imaginant au coin du feu tandis que le narrateur relate avec passion chacune des péripéties…

Ce fut donc une agréable découverte, notamment de par son format audio. Cela ne restera malheureusement pas une lecture mémorable pour son intrigue, mais je garderai de bons souvenirs de l’atmosphère profondément montagnarde et chaleureuse qui s’en dégage ; et rien que pour ça, c’est une lecture que je recommande fortement !

Étourdissante exploration de la Maison des Feuilles

En rentrant chez eux un soir, les Navidson – Will, Karen et leurs deux enfants qui viennent à peine d’emménager en Virginie – découvrent qu’une nouvelle pièce a surgi dans leur maison… comme si elle avait toujours été là. Simple inattention ? Canular élaboré ? Mètres, plans et appareils de mesure sont réquisitionnés, et soudain l’explication la plus étrange devient la plus évidente : le foyer des Navidson est plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Très vite, d’autres changements surviennent ; un mur se décale, une nouvelle porte apparaît dans le salon et derrière elle un couloir étroit et obscur. Photoreporter de renom et aventurier intrépide, Will s’y risque un soir mais, manquant de se perdre dans ce qui s’avère être un dédale immense, décide de mettre sur pied une équipe d’explorateurs chevronnés, afin d’étudier ce passage qui paraît sans fin et qui, très vite, se révèle l’être pour de bon.
~ La Maison des feuilles, de Mark Z. Danielewski – Monsieur Toussaint Louverture
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Comment parler de ce livre ? S’il en est un que l’on peut largement qualifier d’O.L.N.I. (Objet Littéraire Non Identifié), c’est bien celui-ci ; et rien qu’un coup d’œil entre ses pages suffit à en convaincre. Je dois reconnaître qu’il m’intriguait autant qu’il m’impressionnait, mais je suis ravie de m’être lancée et d’avoir vécu cette expérience de lecture à nulle autre pareille.

Ce roman raconte un labyrinthe, et il en est un lui-même. Autour du récit des événements centraux viennent s’encadrer deux couches de récits, l’un très analytique, l’autre plus narratif. L’un comme l’autre sont déconcertants, dans leur côté à la fois fascinant et profondément lourd à lire. L’analyse, proposée par Zampano, porte sur le film des Navidson dans lequel ils explorent leur maison, auquel il apporte une analyse universitaire parfois très poussée, et sur des sujets scientifiques très variés : la physique du son, l’architecture, le cinéma… Le style est donc assez fastidieux, mais apporte parfois des réflexions que j’ai trouvées passionnantes. Le second récit, quant à lui, est celui de Johnny qui découvre les notes de Zampano. J’ai eu beaucoup moins de sympathie pour ce personnage et ses errances (ceux qui l’ont lu auront le jeu de mots), principalement centrées autour des considérations malsaines qu’il a pour chacune des femmes qu’il croise…

Le récit des Navidson est, curieusement, aussi central qu’accessoire. C’est lui qui motive chacune des couches de ce récit, et ça n’est pourtant pas celui qui occupe la plupart des pages… Cette partie de l’intrigue avance donc lentement, et prend le temps de nous plonger dans une ambiance sombre et pesante, parfois presque horrifique, où les notes de Zampano et de Johnny agissent en voix-off tandis que les scènes s’étirent autour de nous. Ce récit nous entraîne toujours plus loin dans les noirceurs inexpliquées de la maison, tandis que la mise en page du livre s’adapte, s’intensifie, ou nous laisse face au vide, à l’écho de quelques mots laissés en suspens…

Attention : ça n’est pas un roman à intrigue, mais entièrement un roman à ambiance, par laquelle il faut accepter de se laisser porter. Dans la maison, le rythme est bancal, tantôt effréné, tantôt hors de toute temporalité – un effet qui est d’ailleurs accentué par les différents récits encadrés. La mise en page est l’une des plus extravagantes que j’ai pu lire : même en tant que lecteur, il faut chercher son chemin… La fin m’a beaucoup plu, bien qu’elle soit elle aussi assez déconcertante ; quelque part, j’ai trouvé que c’était un beau pied de nez à toutes ces histoires vues et revues de phénomènes fantastiques qui trouvent leur résolution après une enquête haletante…

Ce fut donc une expérience de lecture extraordinaire, mais que je ne peux malheureusement pas recommander à tout le monde. Par contre, si vous êtes à la recherche d’un récit profondément original par lequel vous laisser porter, n’hésitez pas une seconde de plus : entrez dans la Maison des feuilles…

Tolkien conteur : d’une anecdote à l’épopée de Roverandom

Le jeune Michael Tolkien a perdu son jouet fétiche, un petit chien de plomb. Pour le consoler, son père imagine un conte extraordinaire. Celui du jeune chiot Rover qui, pour s’être montré insolent avec un magicien, est transformé en minuscule jouet. Une nuit, Cendré le goéland l’emporte vers la lune. Rover y découvre alors le Lunehomme et le Lunechien, le Dragon Blanc et son nouveau nom : Roverandom.
~ Roverandom (lu en V.O.), de J.R.R. Tolkien – Harper Collins
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Si vous vous êtes déjà penché.e.s sur ce court récit de l’illustre J.R.R. Tolkien, vous aurez certainement entendu parler de son contexte de publication : en vacances sur la côte anglaise, l’un de ses fils égare son jouet en forme de chien, et Tolkien décide de le réconforter en inventant au jouet une histoire remplie de péripéties !

Je pense qu’il est important de connaître cette anecdote au moment d’entamer la lecture de Roverandom, puisqu’elle explique certains éléments qui, sinon, peuvent à mon avis paraître hors de propos ou trop peu approfondis. Le rythme est lui aussi un peu particulier, alternant entre aventures effrénées et longs passages tranquilles : il résulte je pense de l’écriture épisodique de l’auteur, qui avançait au fil de son inspiration et qui n’a ensuite que très peu retravaillé ce texte. Enfin, j’ai retrouvé dans la narration de Roverandom l’oralité que j’avais adorée dans Le Hobbit, et qui est ici encore plus marquée : si on tend bien l’oreille, on peut presque entendre la voix de Tolkien lui-même lorsqu’il lit chaque épisode à ses enfants installés autour de lui…

J’ai beaucoup aimé retrouver ce qui fait, au fil de ses récits et poèmes, l’imaginaire de Tolkien : un mélange de conte, de mythologie et d’éléments qui lui sont propres. J’ai repéré plein de liens avec son univers de la Terre du Milieu, et j’ai découvert d’autres univers et personnages que j’aurais adoré explorer davantage, notamment le monde de la Lune, son Lunehomme et son Lunechien, Psamathos le sorcier…

Cette édition en V.O. est accompagnée, en plus d’une introduction passionnante, de tout un ensemble d’illustrations, que j’ai adoré découvrir et fur et à mesure du texte. J’aime beaucoup l’ambiance que dégagent en général les illustrations de Tolkien, avec ce dessin imparfait et cette palette de couleurs si particulière, et je trouve que ça rajoute beaucoup à l’expérience de lecture de découvrir les deux éléments ensemble comme ce fut le cas ici.

Que vous ayez déjà découvert l’univers de la Terre du Milieu ou non, je vous conseille chaudement la découverte de ce court texte ! Il n’est pas exempt de défauts, mais il est rempli de cette magie « simple » du conte, et propose un voyage doux et dépaysant à souhait. Et vous, vous l’avez lu ? Quels autres écrits de l’auteur avez-vous déjà découverts ?

Retrouvez d’autres œuvres de Tolkien chroniquées en suivant le tag J.R.R. Tolkien.

Roche-Nuée embrumée et lectrice déconcertée

Sur Roche-Nuée, atoll de corail blanc qui, depuis que la mer s’est retirée, se dresse comme un énorme champignon au milieu d’un désert de sel, les êtres comme moi n’ont pas droit à l’existence. Je suis un nain de sexe indéterminé, un indésiré, et ce n’est que par un caprice de mon frère aîné que je n’ai pas été jeté à ma naissance du haut de la falaise. Pour moi, vivre, c’est me faire oublier; c’est demeurer une Ombre. Que j’attire l’attention d’autrui par une parole ou un regard, et c’est la chute mortelle dans le vide. Mais je comprends le langage de l’eau, du vent, du feu et de la roche. Et lorsque la transgression des tabous qui nous gouvernent déclenchera la colère des éléments, c’est de l’Ombre méprisée à quoi me réduit ma nature que surgira peut-être la lumière.
~ Roche-Nuée, de Garry Kilworth – Éditions Scylla
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’une masse critique Babelio : merci à la maison d’édition pour sa confiance !

Je suis souvent adepte de ces récits aux frontières des genres, qui jouent avec les certitudes pour nous emmener plus loin, au-delà des codes de l’imaginaire, dans des récits encore inexplorés. Roche-Nuée fait complètement partie de ces romans « OLNIs », mais si je l’ai trouvé extraordinaire en soi, il n’aura malheureusement pas su m’emporter émotionnellement…

C’est un texte qui nous envoie dans un univers complètement déroutant, dont les contours sont tracés petit à petit, au fil du récit. On découvre alors une société tribale aux règles déroutantes, un personnage qui n’existe pas, un monde étriqué qui pourrait tout autant être primitif et post-apocalyptique : tout est fait pour déconcerter, secouer, et mettre en place un récit qui questionnera de nombreuses thématiques.

L’auteur aborde effectivement énormément de sujets au travers du témoignage d’Ombre, ce personnage à la fois observateur externe et central aux événements. Alors qu’il avance lentement, inexorablement le long de son existence, il évoque d’abord le handicap et la différence, puis la moralité et la tradition, les frontières et l’inconnu, l’écologie… Il pose ces questionnements sous des angles que j’ai trouvés plutôt novateurs, et qui m’ont sans cesse poussée à prendre le temps d’y réfléchir moi-même. Tout au long du récit, le fil rouge semble être enroulé autour du changement, cette lente évolution que personne ne voit vraiment mais qui entraînent soudain les choses dans une direction complètement inattendue ; j’ai d’ailleurs aimé observer l’auteur transformer peu à peu chacun des aspects de son univers pour y confronter ses personnages.

Je regrette néanmoins un manque d’attachement à ma lecture. Côté narration, j’ai eu le sentiment de suivre un récit qui ne suggère pas vraiment de finalité, sans pour autant présenter cet aspect contemplatif que j’aime beaucoup. Les événements passent, simplement, l’un après l’autre. Je n’ai pas non plus été emportée par les personnages, dont j’ai suivi l’évolution de manière assez détachée. J’ai pourtant apprécié la fin : je ne l’ai pas vraiment vue venir, et pourtant, au vu de la lente évolution qui traverse tout le roman, il n’aurait pas pu en être autrement.

Ce fut donc une expérience de lecture mitigée pour moi : je suis restée assez en-dehors des événements, je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages… Néanmoins, je reconnais qu’il s’agit réellement d’un récit passionnant et assez poétique, que je vous conseille chaleureusement si vous êtes à la recherche de quelque chose qui vous emmènera ailleurs. Et si jamais vous tentez l’expérience, je suis curieuse de savoir ce que vous en pensez !

Mystère au coeur des brumes : Mexican Gothic

Après avoir reçu un mystérieux appel à l’aide de sa cousine récemment mariée, Noemí Taboada se rend à High Place, un manoir isolé dans la campagne mexicaine. Elle ignore ce qu’elle va y trouver, ne connaissant ni la région ni le compagnon de sa cousine, un séduisant Anglais.
Avec ses robes chic et son rouge à lèvres, Noemí semble plus à sa place aux soirées mondaines de Mexico que dans une enquête de détective amateur. Elle n’a pourtant peur ni de l’époux de sa cousine, un homme à la fois troublant et hostile, ni du patriarche de la famille, fasciné par son invitée… ni du manoir lui-même, qui projette dans les rêves de Noemí des visions de meurtre et de sang.
Car High Place cache bien des secrets entre ses murs. Autrefois, la fortune colossale de la famille la préservait des regards indiscrets. Aujourd’hui, Noemí découvre peu à peu d’effrayantes histoires de violence et de folie.
~ Mexican Gothic, de Silvia Moreno-Garcia – Bragelonne
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Ce livre a longtemps attendu dans ma pile à lire pour le moment le plus opportun. Entre une fin octobre halloweenesque et un début novembre brumeux et pluvieux, ce moment est enfin arrivé, et j’ai bien fait d’attendre puisque je me suis régalée !

J’ai été conquise dès la première page. L’ambiance est brumeuse à souhait, mystérieuse bien comme il faut, le huis-clos de High Place est aussi étouffant que fascinant ! J’adore ces ambiances, et je me suis prise au jeu de tenter de déceler, aux côtés de Noemí, les personnages de confiance et les éléments dont se méfier…

J’ai particulièrement apprécié l’hommage fait au genre du fantastique, où le doute plane toujours un peu et où la frontière entre le réel et le cauchemar semble fragile. J’ai aussi aimé repérer quelques clins d’œil à Lovecraft, non pas dans le propos en lui-même, mais dans la narration, avec une manière toute particulière d’apporter certains éléments (pas facile d’en dire plus, il faut que vous gardiez la surprise !), sans pour autant oublier un petit pied de nez aux tendances racistes de l’auteur…

Côté personnages, j’ai apprécié la galerie qui nous est présentée, certes parfois un peu caricaturale, mais qui à mon avis contribue à faire de High Place un endroit particulier, comme s’il était impossible là-bas de ne pas sombrer dans les extrêmes… Noemí est une jeune femme pleine de nuances, qui oscille entre force pragmatique et doute grandissant. Quant au dénouement, même si je m’attendais forcément à une apogée de noirceur et d’horreur, je dois avouer qu’elle a très bien fonctionné sur moi, et que les révélations finales ont su faire leur petit effet, tandis que je lisais, le soir, à la nuit noire…

Je reconnais que l’ensemble reste assez linéaire, mais justement : sans chercher à révolutionner les genres, ce roman reprend beaucoup de codes, les place dans un récit convaincant et ajoute une pointe de modernité, pour un résultat diablement efficace. On m’a promis un récit gothique fantastique, et j’ai eu exactement ce que je voulais : cette lecture fut donc une grande réussite pour moi !

La Passeuse d’histoires, entre voyage et déception

Jaya, une journaliste new-yorkaise, bouleversée par une troisième fausse couche et le délitement de son mariage, embarque dans un inoubliable voyage en Inde à la recherche de son histoire familiale troublée. Émerveillée par ce qu’elle y découvre, Jaya apprend tout ce qu’elle peut sur la culture du pays. C’est en rencontrant Ravi, ancien servant et confident de sa grand-mère Amisha, qu’elle va en apprendre plus sur son histoire familiale. Le vieil homme lui racontera la vie d’Amisha sous l’occupation britannique, de son mariage arrangé à son histoire d’amour impossible avec un lieutenant britannique. Il lui parlera également de l’école anglaise où, malgré les interdits de l’époque, elle enseignait l’écriture, elle qui adorait raconter et écrire des histoires pour ses enfants… À travers l’histoire déchirante de sa grand-mère, modèle de résilience, Jaya se découvre une force que, jusque-là, elle n’avait jamais soupçonnée.
~ La Passeuse d’histoires, de Sejal Badani – Éditions Charleston
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Ce livre avait rejoint ma wish-list après le coup de cœur qu’il avait été pour Stéphanie de Pikiti Bouquine, et il a rejoint ma liseuse dès que j’ai vu une offre sur le format numérique ! J’en attendais une puissante et touchante histoire de destin de femme, un dépaysement vers l’Inde… Et j’ai malheureusement été un peu déçue.

Je n’ai rien à redire sur tout le début du roman, qui m’a plutôt convaincue. Je suis toujours adepte des narrations en multiple temporalité, et ici je me suis autant attachée à Jaya qu’à Amisha, les deux femmes faisant face à des problématiques fortes et que j’ai trouvées bien amenées.

J’ai par contre été déçue de la manière dont l’histoire d’Amisha évolue. D’abord mue par sa passion pour les mots et sa volonté de liberté, elle ne devient plus qu’éprise d’un autre homme que son mari. Assez rapidement, tout ce dont elle rêvait pour elle-même, en tant qu’individuelle et en tant que femme, disparaît au profit de cette histoire d’amour interdit. Je comprends que l’autrice n’ait pas voulu en faire un personnage foncièrement militant et révolté, mais j’ai trouvé cet effacement très dommage, et l’histoire a perdu pour moi tout son impact…

J’ai cependant apprécié le voyage en Inde que m’a permis ce roman : l’immersion était réussie, et j’ai appris nombre de choses sur la culture, l’histoire et les mœurs indiens !

Ce ne fut donc pas une complète déception, mais j’en attendais davantage et je n’ai pas trouvé ce que je cherchais… J’en suis d’autant plus désolée que j’y suis plongée après un avis coup de cœur ! Et vous, avez-vous déjà suivi une recommandation coup-de-coeur qui vous a finalement déçu.e ?

Grandiose voyage dans l’imaginaire : par-delà les confins avec L’âme du chien

Croire les prophéties.
Celui qui étreint l’âme du désert, qui chevauche et détruit les mondes, n’a que peu de pitié pour ses ennemis et son peuple.
Du haut de Salabanka, la ville dorée, il s’enorgueillit du Destin que l’oracle lui a confié. Alors, quand la sibylle lui ordonne de trouver un bras droit, il s’exécute. Il lui faut un guerrier à l’âme de chien prêt à tout pour accomplir l’avenir glorieux de son maître.
~ L’âme du chien, d’Antoine Ducharme – Mnémos (Mu)
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Un premier roman qui « bouleverse les codes de la fantasy », publié dans un label qui explore les « ruptures dans le réel » ? Je dis oui, cent fois oui. Et je remercie chaleureusement les éditions Mnémos qui m’ont permis de découvrir ce court mais sublime roman.

L’âme du Chien, c’est deux personnages. Humains, ou plus vraiment. Colère et bestialité, violence, soif de combat et de sang. Leur histoire est liée par un destin commun, qui se réalisera aux frontières de ce monde que l’on distingue, trouble, éthéré, au travers de leur insaisissable relation. Épiques, ancestraux, les éléments se dévoilent un à un, mais toujours flotte cette part de mystère et d’inconnu ; et au centre, une certitude : le cavalier aux poings de colère et le guerrier à l’âme de chien.

L’âme du Chien, c’est des mots. Un style grandiose, sublime, vaporeux, où chaque mot est choisi avec soin, chaque phrase est ciselée avec art ; pour que chaque mot, chaque phrase ne contienne plus seulement un banal morceau de narration, mais une part de l’infini même de cet univers, de l’immensité de ces destinées, et peut-être d’encore autre chose. Si ce style peut être déconcertant, c’est en réalité un tableau magnifique que peint l’auteur : deux personnages pris dans la tempête des mots, des oracles et des prophéties, et la question qui les tourmente sans cesse : combattre ou abandonner ?

L’âme du Chien, c’est une expérience, une œuvre unique parmi les littératures de l’imaginaire, que chacun vivra à sa manière. Un voyage entre l’épique et l’intime, au plus près de la légende et de la prophétie, au cœur de l’humain et de ses incertitudes. La couverture rend parfaitement ces sensations particulières que je retiens de ma lecture : une bourrasque de mots, un personnage pris dans la tourmente, un récit sans cesse mouvant qui balaie tout sur son passage, et ne laisse au lecteur que des certitudes vacillantes, et de vastes questionnements. L’inéluctable l’est-il vraiment ? Un destin vaut-il vraiment le coup ? Une fois le prix payé, que retiendra-t-on ?

Je ne sais pas si j’ai réussi à rendre justice à cette pépite, mais j’espère vraiment avoir attisé votre curiosité : ce court roman ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais si vous êtes à la recherche d’une lecture hors du commun sur les sentiers de l’imaginaire, n’hésitez pas une seconde de plus, foncez.

Voyage unique dans le Désert des couleurs

Dans le désert des couleurs, chaque grain de sable est un souvenir perdu et oublié. Marcher dans les dunes, c’est voir sa mémoire s’effacer. Alors pour se protéger, l’humanité s’est réfugiée dans le cratère d’un volcan. Mais depuis quelques temps, le sable monte chaque jour le long de ses pentes. Malgré les risques, une fille qui perd ses souvenirs, un garçon porteur de mémoire et un oiseau télépathe partent explorer le désert multicolore afin de trouver une solution pour lutter contre la crue. En chemin, ils se perdront. À la fin, ils se retrouveront.
~ Le Désert des couleurs, d’Aurélie Wellenstein – Scrineo
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J’avais envie de découvrir l’autrice depuis un moment, mais j’avais toujours un peu peur de la réputation très sombre de ses écrits. Quand j’ai découvert celui-ci en librairie, il m’a immédiatement interpelée, avec un résumé annonçant quelque chose de beaucoup plus lumineux…

J’attendais donc beaucoup de ce roman, et je n’ai pas du tout été déçue. L’écriture est belle, et crée avec un mélange de simplicité et de poésie un univers tangible, aux contours assez flous mais qui se dévoilent au fil du récit. Loin d’être frustrée par la concision de la mise en contexte, j’ai au contraire adoré la place que ces étendues de sable infinies laissent aux personnages pour se développer, et les innombrables passés que l’on peut imaginer derrière chaque grain de sable.

J’ai été conquise également par les personnages qu’elle a construits : ce duo d’explorateurs dont la mission pourra peut-être sauver le peuple entier, cet humaine et ce « demi-dieu » à la nature si particulière, ce frère et cette sœur à la relation complexe… Ils ont l’infini du désert pour eux seuls, mais ce roman est presque un huis clos au cœur de leur relation, sans cesse en évolution. Au fil des souvenirs, on assiste aux conflits et aux réconciliations, aux révélations, et quelque part presque en arrière plan, à l’avancement de leur quête.

L’autrice aborde dans ce roman un certain nombre de thématiques assez fortes, du traumatisme à la mémoire, des erreurs de l’humanité à la cause animale. Pourtant, j’ai trouvé qu’elle tentait de leur apporter une forme d’apaisement. Malgré certaines scènes très fortes, particulièrement poignantes, j’ai aimé la manière dont elle est parvenue à faire apparaître cet éclat de lumière coloré au milieu de l’obscurité…

Ce fut donc une première expérience particulièrement réussie avec Aurélie Wellenstein, une expérience unique, toute en nuance et en poésie, et j’essaierai de me procurer ses autres romans. D’ailleurs, lequel me conseillez-vous ? Est-ce que vous avez aimé celui-ci ?

Un long, très long voyage : un voyage manqué…

Issu d’une famille de pêcheurs, Liesse doit quitter son village natal à la mort de son père. Fruste mais malin, il parvient à faire son chemin dans le comptoir commercial où il a été placé. Au point d’être pris comme secrétaire par Malvine Zélina de Félarasie, ambassadrice impériale dans l’Archipel, aristocrate promise aux plus grandes destinées politiques. Dans le sillage de la jeune femme, Liesse va s’embarquer pour un grand voyage loin de ses îles et devenir, au fil des ans, le témoin privilégié de la fin d’un Empire.
~ Un long voyage, de Claire Duvivier – Aux Forges de Vulcain (Audiolib pour la version audio)
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’un service presse : merci à NetGalley et à la maison d’édition pour leur confiance !

Le nom de Claire Duvivier commence à se faire une place sur les étagères de l’imaginaire francophone, et lorsque j’ai eu l’occasion de découvrir son premier roman, au format audio qui plus est, j’en ai bien volontiers profité !

Malheureusement, ce ne fut pas un franc succès pour moi… Il m’a fallu quelques tentatives pour réussir à entrer dans l’histoire auprès du personnage principal, narrateur au « je » qui d’ordinaire me happe très facilement. Une fois lancée, j’ai conservé jusqu’à la fin une représentation assez floue de la politique et de la hiérarchie en place, des éléments pourtant centraux à l’intrigue. Peut-être est-ce là une des raisons de ma petite déception : en fantasy, les contextes et personnages politiques sont de ceux qui me passionnent le moins… Dommage, n’est-ce pas ?

Concernant le narrateur, j’ai eu du mal à m’intéresser à lui. Tout au long de mon écoute, je suis restée assez détachée de ses troubles et questionnements personnels, ne comprenant que peu cette nécessité (dont il se justifie pourtant) de devoir parler de lui pour replacer « la Grande Histoire » dans un quelconque contexte. Je ne l’ai pas trouvé attachant, ni touchant, ni charismatique… complètement inintéressant, en somme. Le vrai personnage principal, Malvine Zélina de Félarasie, n’en était alors que plus lointain, femme forte éclipsée par la vie insipide d’un homme sans grande personnalité. Encore une fois : dommage.

Quant à l’intrigue… Quelque temps après la fin de mon écoute, je ne garde pas la sensation d’un enjeu important, et je serais même bien incapable de vous résumer le propos général du roman. En soi, ça n’est pas un élément qui me dérange, mais dans ce cas-ci il a certainement participé à ma perte d’intérêt. Ce qui m’a vraiment déçue, par contre, ce sont le retournement de situation final, sorti de nulle part, et la dernière partie faisant office d’épilogue, bien trop longue…

Peut-être qu’en découvrant ce texte au format écrit, j’aurais davantage apprécié la plume de l’autrice, et j’aurais peut-être mieux saisi l’intérêt de ce rythme lent. Je comprends la volonté de l’autrice de sortir des clichés de combats épiques, de complots machiavéliques et de secrets mystiques, et je suis moi-même plutôt adepte des récits qui sortent de cette manière des sentiers battus. Mais cette fois-ci, je suis passée à côté… Je suis d’ailleurs rassurée de voir que l’Ours Inculte semble partager mon ressenti ! Et vous, si vous l’avez lu, qu’en avez-vous pensé ? Me conseillez-vous de donner une chance aux autres romans de l’autrice ?

Les Voies d’Anubis : magie mystique et toison drue

Vraiment, pourquoi Brendan Doyle, jeune professeur californien, aurait-il refusé de faire à Londres cette conférence payée à prix d’or? Comment deviner que l’attend la plus folle et la plus périlleuse des aventures ?
Voyez plutôt : à peine arrivé, le voici précipité, par une mystérieuse brèche temporelle, dans les bas-fonds de Londres. De Londres en 1810 ! Sorciers, sectes et rumeurs de loup-garou … Et, nul doute, quelqu’un cherche à l’enlever sinon à le tuer ! Au hasard de sa fuite, Doyle régressera jusqu’en 1685 puis sera projeté dans l’Égypte de 1811 où des magiciens vénèrent encore le dieu Anubis.
Traqué, maintes fois capturé et toujours s’échappant, il cherche à corps perdu la « brèche » du retour.
~ Les Voies d’Anubis, de Tim Powers – Bragelonne
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Vous connaissez forcément ces films d’aventure du dimanche après-midi, qui entraînent leurs personnages en quête d’un trésor ancien, au travers d’un chemin parsemé d’embûches et saupoudré d’une pointe de mythologie surnaturelle… C’est exactement l’effet que m’a fait cette lecture !

Tous les éléments sont là : le personnage principal tiré de son train-train quotidien pour une expérience extraordinaire, le vieil homme et sa fortune dépensée pour un projet fou, le plan qui dérape dès le début, et les nombreuses péripéties qui s’en suivent ! J’ai adoré cette ambiance très particulière de pure aventure de divertissement : je l’ai lu en n’attendant rien de plus qu’un bon moment, et j’ai eu exactement ce que je voulais. L’intrigue apporte des éléments de voyage temporel, réécrit le mythe du loup-garou, emprunte à la mythologie égyptienne et va même jusqu’à tremper un orteil dans les eaux des manipulés génétiques et de la poésie… Un ensemble de grands écarts par lesquels l’auteur s’assure de ne pas ennuyer son lecteur !

Pourtant, vers la fin, je commençais un peu à m’impatienter d’en voir le bout… Je suis arrivée au dernier tiers sur une période où, ayant beaucoup moins de temps disponible, j’ai dû avancer dans cette lecture de manière beaucoup plus fractionnée. Je ne sais pas jusqu’à quelle proportion ç’a joué, en tout cas j’ai trouvé que la fin manquait de cohésion et traînait un peu en longueur. Tous ces éléments disparates n’ont pas vraiment été réunis dans un grand final éclatant, et j’ai finalement trouvé la présence des fameuses « Voies d’Anubis » presque trop ténue, éclipsée par le reste.

Finalement, je maintiens que j’ai passé un bon moment avec cette lecture. Elle ne m’aura pas surprise en proposant davantage de profondeur que prévu, mais elle aura malgré tout rempli ses fonctions de divertissement : si vous entrez dedans, vous saurez à quoi vous attendre !