Voyage au cœur de la science-fiction : le genre à la loupe

La Science-fiction incarne pour certains le domaine des possibles, alors que pour d’autres elle apparaît comme puérile, car souvent réduite à des stéréotypes éculés et des œuvres non représentatives.
Avec cet ouvrage, nous entendons vous faire (re) découvrir ce vaste genre aux multiples facettes capable comme nul autre de s’interroger sur notre monde.
Nous allons parcourir le temps à la recherche du moment où tout a commencé, rencontrer les précurseurs et les personnalités du genre, nous faufiler au cœur de récits majeurs et explorer ses thèmes de prédilection.
Qui que vous soyez, peu importe où et quand vous existez, vous découvrirez des œuvres qui résonneront en vous.
Alors, respirez un grand coup et accrochez-vous à ce livre, mais n’attachez pas vos ceintures, car là où nous allons, nous n’aurons plus besoin de routes…
~ Au cœur de la Science-Fiction, de Gillian Brousse (avec la participation de Rachel Gali, Wilfried Renaut, Magali Lefebvre, A.F Lune, Morgane Stankiewiez & Laurent Cazuguel) – Noir d’Absinthe
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’un service presse : merci à la maison d’édition pour sa confiance !

Bien que très amatrice des littératures de l’imaginaire depuis toujours, de la fantasy en particulier, je n’étais jusqu’à récemment que peu intéressée par les univers proposés par la science-fiction. C’est pourtant un genre que je me mets à explorer tranquillement, voire à apprécier… J’étais donc ravie de pouvoir découvrir cet ouvrage qui propose de décortiquer le genre, son histoire et ses codes !

De manière assez logique, l’auteur présente la chronologie du genre, remontant assez loin dans ses premières apparitions, puis décortique son évolution au fil des décennies. Il aborde également les thèmes principaux de la science-fiction et ses sous-genres, avant de plonger dans de très nombreux exemples de la littérature, du cinéma et d’autres formes d’expression du genre, musicales et plastiques entre autres. J’ai aimé ce panorama très complet, où les nombreuses références permettent autant aux connaisseur.se.s de retrouver leurs repères qu’aux novices de découvrir de nouveaux titres à explorer.

Au-delà de cette approche, le discours est régulièrement entrecoupé d’articles, qui permettent d’ouvrir une large parenthèse sur un point en particulier, pour lesquels l’auteur confie parfois la plume à un.e autre auteur.rice. Ces apartés permettent d’en apprendre davantage sur une figure de la science-fiction ou sur un univers en particulier, et m’a souvent donné envie d’en découvrir plus ! Tout au long de ma lecture, j’ai bien sûr noté de très nombreuses références à aller explorer plus tard… D’ailleurs, chaque partie se conclut sur une liste de titres conseillés par l’auteur, pratique !

Seule petite ombre au tableau, qui est surtout due aux attentes que j’avais : l’ouvrage s’étend beaucoup sur le cinéma puis sur les séries télé de science-fiction. Je pensais surtout plonger dans les univers littéraires du genre, je ne m’attendais donc pas à ce que ce voyage prenne autant de temps pour explorer les univers de l’audiovisuel. Cela dit, l’auteur propose ainsi une approche beaucoup plus complète, que j’ai eu la bonne surprise de voir étendue jusqu’à des arts auxquels je ne m’attendais pas : les arts graphiques et plastiques notamment, ainsi que la musique.

Ce fut donc une lecture riche et très intéressante, que j’ai picorée avec beaucoup de curiosité. Je pense qu’elle saura plaire autant aux novices qu’aux initié.e.s, par son foisonnement de références et de thématiques abordées. C’est un ouvrage très complet, qui m’a permis une très belle plongée dans ce genre que je connais maintenant bien mieux : je vous le conseille chaleureusement ! D’ailleurs, est-ce que vous connaissez d’autres écrits sur les genres de l’imaginaire ?

Tragédie baryonique, orques de métal et tortue des étoiles

2173. L’humanité se remet progressivement de la grande migration climatique qui a décimé sa population. Le progrès scientifique est au point mort.
Seule perspective possible : mettre la main sur les gisements d’antimatière qui doivent se cacher quelque part dans l’espace. A cette fin, des mineurs d’espace-temps génèrent des trous de ver pour explorer les strates de l’Univers.
Sara et Slow sont ainsi embarquées dans le module Orca-7131. Mais une avarie improbable transforme cette mission de routine en catastrophe. Une expédition de la dernière chance s’organise alors – une tentative de sauvetage qui va peut-être marquer le retour de la denrée devenue la plus rare : l’espoir.
~ La trilogie baryonique, tome 1 : La tragédie de l’orque, de Pierre Raufast – Aux Forges de Vulcain
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Je connaissais l’auteur par plusieurs de ses précédents titres. J’avais beaucoup aimé le style narratif unique qu’il proposait alors, presque sous forme de poupées russes qui s’ouvrent à la suite des autres, exercé plutôt dans un style contemporain. J’étais donc très curieuse de le découvrir dans ce premier essai de science-fiction !

S’il n’a pas repris ici cette construction narrative particulière, il se dégage malgré tout ce petit quelque chose de raufastien qui m’a beaucoup plu. L’univers de science-fiction qu’il propose ici n’est pas de ces univers complexes, très lointains et complètement différents, ni une version post-apocalyptique de notre univers, plus proche mais traumatisé. À l’opposé de tout ça, l’auteur m’a semblé faire presque une proposition, extrapolée de nos avancées technologiques actuelles et de celles qui pourraient être celles de demain. Il met donc en place atmosphère très réelle, très proche de nous et de notre société contemporaine, mais sans jugement et sans pessimisme appuyé, ce que j’ai trouvé rafraîchissant et très bien mené !

Côté intrigue, là aussi l’auteur propose quelque chose de très tangible, à la hauteur de simples individus à qui il arrive la mauvaise chose au mauvais moment. Bien sûr, les enjeux sont grands, mais il s’agit avant tout de deux humains qui tentent de sauver deux autres humains, et d’encore d’autres humains qui ne peuvent qu’attendre en angoissant… Encore une fois, c’est une simplicité que j’ai trouvée rudement efficace, et qui m’a happée jusqu’au bout !

Mais si simplicité il y a, le roman est loin de manquer de profondeur. J’ai trouvé les personnages très bien construits, avec suffisamment de nuances pour les rendre profondément réels, sans tomber pour autant dans l’exagération de personnages torturés (bien qu’il y en ait un ou deux dont on a très envie de découvrir les secrets…). Avec énormément de naturel, l’auteur profite du cadre qu’il a mis en place pour aborder un certain nombre de thématiques. On parle donc par exemple de la présence des IA dans notre quotidien, de la course à l’avancée technologique ou encore des relations familiales à distance. Là encore, il n’apporte aucun jugement, et se contente de les présenter comme partie intégrante de notre monde, avec leurs problématiques, leurs avantages et leurs défauts…

Bien entendu, la fin de ce premier tome présage de nombreuses conséquences, et je suis très curieuse de découvrir comment les choses vont se développer. En tout cas, cette première excursion de Pierre Raufast au pays de la science-fiction m’a énormément plu, avec une approche que j’ai trouvée très fraîche du genre : il parvient à coller à tous ses codes, tout en proposant une atmosphère complètement différente de tout ce que j’ai pu rencontrer pour l’instant… Je vous conseille donc chaleureusement de foncer découvrir ce premier tome d’une trilogie qui promet de belles choses !

Inheritance Games : mystérieux mystère au manoir

Que feriez-vous si vous receviez l’héritage d’un inconnu milliardaire convoité par ses sulfureux neveux ?
Avery Grambs, lycéenne sans histoire et sans le sou, rêve d’une bourse d’études pour entrer à l’université. Son destin bascule soudain quand Tobias Hawthorne, un célèbre milliardaire, lui lègue sa fortune. Cet argent tombe à pic, mais il y a un problème : Avery n’a jamais entendu parler de cet homme !
Pour toucher sa part d’héritage, elle doit néanmoins emménager dans la mystérieuse demeure des Hawthorne. Elle y côtoie les quatre petits-fils du défunt, tous aussi insondables que séduisants… et surtout bien décidés à l’empêcher de subtiliser leur dû !
Happée par un tourbillon de manigances, d’énigmes et de trahisons, Avery va devoir se prêter à un inquiétant jeu de dupes qui pourrait bouleverser sa vie à jamais…
~ Inheritance Games, de Jennifer Lynn Barnes – PKJ / Lizzie
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Bon, je savais dans quoi je m’embarquais avec ce roman. Mais malgré le ton très ado que je redoutais, je restais intriguée par l’enquête, le mystère et les secrets de famille. Et si au final je n’ai pas passé un si mauvais moment, je reste assez mitigée sur certains aspects…

Déjà, j’ai été plutôt déçue par l’enquête, justement. Si l’aspect escape game était très bien rendu du côté des personnages, j’ai regretté de n’être pas davantage impliquée dans les énigmes en tant que lectrice : les indices sont donnés presque en même temps que leur résolution, et je n’ai donc été que spectatrice de ce jeu d’enquête grandeur nature… Malheureusement, les creux ainsi créés dans la narration sont comblés par les réactions troublées de la protagoniste face à deux des frères Hawthorne : ce fameux triangle amoureux, passage inéluctable pour tout roman ado qui se respecte, et qui finit par donner la sensation de prendre le dessus sur le reste de l’intrigue. Je l’avoue : j’espérais que, pour une fois, un roman ado s’en dispense, et se concentre réellement sur l’enquête promise par le résumé. Bon, tant pis.

Une fois la réduction à néant de ce vain espoir acceptée, j’ai finalement passé un moment plutôt agréable. Le format audio, combiné à une narration très orale, permettent un rythme fluide et presque addictif. J’ai pu le dévorer en très peu de temps, follement intriguée d’avoir enfin la réponse à toutes ces questions brûlantes qui parcourent le récit… Pour arriver à cette fin type « aha mystère, la suite au prochain épisode ». Bon, tant pis.

Je ne suis donc pas certaine d’avoir envie de continuer cette série : suivre quelques énigmes étalées au milieu des errements sentimentaux de la protagoniste sur deux autres tomes ne me fait pas si envie que ça. Pourtant, je reconnais qu’il y a un côté rudement efficace dans la narration, mais pour laquelle je ne suis tout simplement pas le public ciblé. J’ai voulu tester, j’ai vu ce que ça donnait : bon, tant pis !

Si vous avez terminé la trilogie, est-ce que la conclusion vaut le coup ? Sait-on jamais, je pourrais me laisser porter par l’envie de savoir…

Dompteur d’avalanches, une fantasy des alpages

Ditto, quatorze ans, tient lieu de guide à des excursionnistes venus des plaines. Un jour, lors de l’attaque d’un monstre des cimes, il se découvre un don pour déclencher avalanches, coulées et crues. Un don puissant.
Or les écouleurs sont craints et haïs par les montagnards. Bientôt, Ditto se retrouve dans la peau d’un paria et contraint à la fuite. En compagnie d’amis inattendus , il va demander son aide à la Lorlaïe, la nymphe du grand glacier.
Mais le marché que lui propose cette dernière lui paraît inacceptable…
~ Le Dompteur d’avalanches, de Margot Delorme – Les Moutons Électriques
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Toujours adepte des univers qui s’écartent un peu des sentiers battus, j’ai été ravie de pouvoir découvrir ce roman, dont j’ai pourtant très peu entendu parler.

Dès le début, j’ai été marquée par le ton plus jeunesse que ce à quoi je m’attendais. Rien de dérangeant cela dit : une fois ce fait accepté, on profite du récit qui se déroule… J’ai aussi été frappée par l’ambiance, très bien retranscrite : dans ce petit village de montagne, on entend les cloches des vaches, on voit les habitants avec leurs gilets en peau de mouton, on sent les odeurs du fromage et des pâturages, on aperçoit même quelques marmottes… Couplé avec le format audio, j’ai adoré ce ton de conte montagnard chaleureux et réconfortant.

J’ai également beaucoup aimé l’aspect initiatique de l’aventure dans laquelle est propulsé le personnage principal, Ditto. Alors qu’il se découvre une magie inconnue, tout un univers s’ouvre à lui et se dévoile petit à petit. Au fur et à mesure de sa progression, il fait la rencontre de nouvelles créatures aux pouvoirs inédits, et si j’ai pu trouver brièvement des airs de catalogue à cette succession de personnages, elle souligne bien l’immersion de Ditto dans ce nouvel univers, l’acceptation et l’apprentissage de son nouveau don.

Je déplore malheureusement l’intrigue très linéaire, certes propre au format du récit initiatique, mais où j’ai trouvé la progression presque trop facile pour les protagonistes. Cela dit, l’aspect conte du récit contrebalance très bien ce léger défaut, puisque j’ai finalement adoré suivre ces aventures, m’imaginant au coin du feu tandis que le narrateur relate avec passion chacune des péripéties…

Ce fut donc une agréable découverte, notamment de par son format audio. Cela ne restera malheureusement pas une lecture mémorable pour son intrigue, mais je garderai de bons souvenirs de l’atmosphère profondément montagnarde et chaleureuse qui s’en dégage ; et rien que pour ça, c’est une lecture que je recommande fortement !

Roche-Nuée embrumée et lectrice déconcertée

Sur Roche-Nuée, atoll de corail blanc qui, depuis que la mer s’est retirée, se dresse comme un énorme champignon au milieu d’un désert de sel, les êtres comme moi n’ont pas droit à l’existence. Je suis un nain de sexe indéterminé, un indésiré, et ce n’est que par un caprice de mon frère aîné que je n’ai pas été jeté à ma naissance du haut de la falaise. Pour moi, vivre, c’est me faire oublier; c’est demeurer une Ombre. Que j’attire l’attention d’autrui par une parole ou un regard, et c’est la chute mortelle dans le vide. Mais je comprends le langage de l’eau, du vent, du feu et de la roche. Et lorsque la transgression des tabous qui nous gouvernent déclenchera la colère des éléments, c’est de l’Ombre méprisée à quoi me réduit ma nature que surgira peut-être la lumière.
~ Roche-Nuée, de Garry Kilworth – Éditions Scylla
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’une masse critique Babelio : merci à la maison d’édition pour sa confiance !

Je suis souvent adepte de ces récits aux frontières des genres, qui jouent avec les certitudes pour nous emmener plus loin, au-delà des codes de l’imaginaire, dans des récits encore inexplorés. Roche-Nuée fait complètement partie de ces romans « OLNIs », mais si je l’ai trouvé extraordinaire en soi, il n’aura malheureusement pas su m’emporter émotionnellement…

C’est un texte qui nous envoie dans un univers complètement déroutant, dont les contours sont tracés petit à petit, au fil du récit. On découvre alors une société tribale aux règles déroutantes, un personnage qui n’existe pas, un monde étriqué qui pourrait tout autant être primitif et post-apocalyptique : tout est fait pour déconcerter, secouer, et mettre en place un récit qui questionnera de nombreuses thématiques.

L’auteur aborde effectivement énormément de sujets au travers du témoignage d’Ombre, ce personnage à la fois observateur externe et central aux événements. Alors qu’il avance lentement, inexorablement le long de son existence, il évoque d’abord le handicap et la différence, puis la moralité et la tradition, les frontières et l’inconnu, l’écologie… Il pose ces questionnements sous des angles que j’ai trouvés plutôt novateurs, et qui m’ont sans cesse poussée à prendre le temps d’y réfléchir moi-même. Tout au long du récit, le fil rouge semble être enroulé autour du changement, cette lente évolution que personne ne voit vraiment mais qui entraînent soudain les choses dans une direction complètement inattendue ; j’ai d’ailleurs aimé observer l’auteur transformer peu à peu chacun des aspects de son univers pour y confronter ses personnages.

Je regrette néanmoins un manque d’attachement à ma lecture. Côté narration, j’ai eu le sentiment de suivre un récit qui ne suggère pas vraiment de finalité, sans pour autant présenter cet aspect contemplatif que j’aime beaucoup. Les événements passent, simplement, l’un après l’autre. Je n’ai pas non plus été emportée par les personnages, dont j’ai suivi l’évolution de manière assez détachée. J’ai pourtant apprécié la fin : je ne l’ai pas vraiment vue venir, et pourtant, au vu de la lente évolution qui traverse tout le roman, il n’aurait pas pu en être autrement.

Ce fut donc une expérience de lecture mitigée pour moi : je suis restée assez en-dehors des événements, je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages… Néanmoins, je reconnais qu’il s’agit réellement d’un récit passionnant et assez poétique, que je vous conseille chaleureusement si vous êtes à la recherche de quelque chose qui vous emmènera ailleurs. Et si jamais vous tentez l’expérience, je suis curieuse de savoir ce que vous en pensez !

Grandiose voyage dans l’imaginaire : par-delà les confins avec L’âme du chien

Croire les prophéties.
Celui qui étreint l’âme du désert, qui chevauche et détruit les mondes, n’a que peu de pitié pour ses ennemis et son peuple.
Du haut de Salabanka, la ville dorée, il s’enorgueillit du Destin que l’oracle lui a confié. Alors, quand la sibylle lui ordonne de trouver un bras droit, il s’exécute. Il lui faut un guerrier à l’âme de chien prêt à tout pour accomplir l’avenir glorieux de son maître.
~ L’âme du chien, d’Antoine Ducharme – Mnémos (Mu)
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Un premier roman qui « bouleverse les codes de la fantasy », publié dans un label qui explore les « ruptures dans le réel » ? Je dis oui, cent fois oui. Et je remercie chaleureusement les éditions Mnémos qui m’ont permis de découvrir ce court mais sublime roman.

L’âme du Chien, c’est deux personnages. Humains, ou plus vraiment. Colère et bestialité, violence, soif de combat et de sang. Leur histoire est liée par un destin commun, qui se réalisera aux frontières de ce monde que l’on distingue, trouble, éthéré, au travers de leur insaisissable relation. Épiques, ancestraux, les éléments se dévoilent un à un, mais toujours flotte cette part de mystère et d’inconnu ; et au centre, une certitude : le cavalier aux poings de colère et le guerrier à l’âme de chien.

L’âme du Chien, c’est des mots. Un style grandiose, sublime, vaporeux, où chaque mot est choisi avec soin, chaque phrase est ciselée avec art ; pour que chaque mot, chaque phrase ne contienne plus seulement un banal morceau de narration, mais une part de l’infini même de cet univers, de l’immensité de ces destinées, et peut-être d’encore autre chose. Si ce style peut être déconcertant, c’est en réalité un tableau magnifique que peint l’auteur : deux personnages pris dans la tempête des mots, des oracles et des prophéties, et la question qui les tourmente sans cesse : combattre ou abandonner ?

L’âme du Chien, c’est une expérience, une œuvre unique parmi les littératures de l’imaginaire, que chacun vivra à sa manière. Un voyage entre l’épique et l’intime, au plus près de la légende et de la prophétie, au cœur de l’humain et de ses incertitudes. La couverture rend parfaitement ces sensations particulières que je retiens de ma lecture : une bourrasque de mots, un personnage pris dans la tourmente, un récit sans cesse mouvant qui balaie tout sur son passage, et ne laisse au lecteur que des certitudes vacillantes, et de vastes questionnements. L’inéluctable l’est-il vraiment ? Un destin vaut-il vraiment le coup ? Une fois le prix payé, que retiendra-t-on ?

Je ne sais pas si j’ai réussi à rendre justice à cette pépite, mais j’espère vraiment avoir attisé votre curiosité : ce court roman ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais si vous êtes à la recherche d’une lecture hors du commun sur les sentiers de l’imaginaire, n’hésitez pas une seconde de plus, foncez.

Un long, très long voyage : un voyage manqué…

Issu d’une famille de pêcheurs, Liesse doit quitter son village natal à la mort de son père. Fruste mais malin, il parvient à faire son chemin dans le comptoir commercial où il a été placé. Au point d’être pris comme secrétaire par Malvine Zélina de Félarasie, ambassadrice impériale dans l’Archipel, aristocrate promise aux plus grandes destinées politiques. Dans le sillage de la jeune femme, Liesse va s’embarquer pour un grand voyage loin de ses îles et devenir, au fil des ans, le témoin privilégié de la fin d’un Empire.
~ Un long voyage, de Claire Duvivier – Aux Forges de Vulcain (Audiolib pour la version audio)
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’un service presse : merci à NetGalley et à la maison d’édition pour leur confiance !

Le nom de Claire Duvivier commence à se faire une place sur les étagères de l’imaginaire francophone, et lorsque j’ai eu l’occasion de découvrir son premier roman, au format audio qui plus est, j’en ai bien volontiers profité !

Malheureusement, ce ne fut pas un franc succès pour moi… Il m’a fallu quelques tentatives pour réussir à entrer dans l’histoire auprès du personnage principal, narrateur au « je » qui d’ordinaire me happe très facilement. Une fois lancée, j’ai conservé jusqu’à la fin une représentation assez floue de la politique et de la hiérarchie en place, des éléments pourtant centraux à l’intrigue. Peut-être est-ce là une des raisons de ma petite déception : en fantasy, les contextes et personnages politiques sont de ceux qui me passionnent le moins… Dommage, n’est-ce pas ?

Concernant le narrateur, j’ai eu du mal à m’intéresser à lui. Tout au long de mon écoute, je suis restée assez détachée de ses troubles et questionnements personnels, ne comprenant que peu cette nécessité (dont il se justifie pourtant) de devoir parler de lui pour replacer « la Grande Histoire » dans un quelconque contexte. Je ne l’ai pas trouvé attachant, ni touchant, ni charismatique… complètement inintéressant, en somme. Le vrai personnage principal, Malvine Zélina de Félarasie, n’en était alors que plus lointain, femme forte éclipsée par la vie insipide d’un homme sans grande personnalité. Encore une fois : dommage.

Quant à l’intrigue… Quelque temps après la fin de mon écoute, je ne garde pas la sensation d’un enjeu important, et je serais même bien incapable de vous résumer le propos général du roman. En soi, ça n’est pas un élément qui me dérange, mais dans ce cas-ci il a certainement participé à ma perte d’intérêt. Ce qui m’a vraiment déçue, par contre, ce sont le retournement de situation final, sorti de nulle part, et la dernière partie faisant office d’épilogue, bien trop longue…

Peut-être qu’en découvrant ce texte au format écrit, j’aurais davantage apprécié la plume de l’autrice, et j’aurais peut-être mieux saisi l’intérêt de ce rythme lent. Je comprends la volonté de l’autrice de sortir des clichés de combats épiques, de complots machiavéliques et de secrets mystiques, et je suis moi-même plutôt adepte des récits qui sortent de cette manière des sentiers battus. Mais cette fois-ci, je suis passée à côté… Je suis d’ailleurs rassurée de voir que l’Ours Inculte semble partager mon ressenti ! Et vous, si vous l’avez lu, qu’en avez-vous pensé ? Me conseillez-vous de donner une chance aux autres romans de l’autrice ?

Vangual, le gros plouf…

« Dwilom, vieux nain et maître brasseur, n’est vraiment pas en veine. Alors qu’il effectuait un acheminement important de tonneaux de bière jusqu’à Tamatur, la cité souveraine, le voilà maintenant encombré d’un compagnon de voyage indésirable dont la bêtise est aussi profonde que le gouffre qui lui sert d’estomac. Et comme si cela ne suffisait pas, Dwilom va se retrouver mêlé à un sombre complot aux répercussions inimaginables.
Loin de là, à Borthalion, un frère et une sœur reviennent au pays après de longues années d’absence. Mais de mystérieux meurtres sévissent dans la région et semblent être les prémices d’une plus grande tragédie.
Des destins différents… »
— C’est un peu classique, nan ? Passez-moi votre crayon !
— Quoi ? Non ! Arrêtez !
— Il manque un côté épique ! Imaginez des tambours (boum, boum, boum) : « Un monde fantastique au passé sanglant. » (bruits de basses) « Un vieux brasseur encombre son estomac de bière pendant que son frère qui est sa sœur joue des percussions inimaginables dans un gouffre. » (explosion puis le titre apparait) « Bienvenue sur Vangual ! Terre d’aventures et de mystères… »
— Non, non, non et non, cela n’a aucun sens ! Cette histoire est parfaitement absurde ! Et d’abord, qui êtes-vous et que faites-vous ici ?
— Un chevalier solitaire dans un monde dangereux. Un héros des temps modernes. Dernier recours des innocents, des sans-espoirs, victimes d’un monde cruel et impitoyable. Je suis Stra…
— Vous m’insupportez ! Sortez tout de suite d’ici !
— Mais, je…
— J’ai dit ouste ! Et plus vite que ça ! Vous n’êtes même pas dans cette histoire.
— Ah, ah bon ?
— Ni dans la suivante d’ailleurs. Du vent ! Bon sang, il m’a fait rater mon résumé cet imbécile…

~ Vangual, tome 1 : Le verrou du temps, de Forman – Auto-édité
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’un service presse : merci à l’auteur pour sa confiance !

Ô rage, ô désespoir, aurais-je donc raté quelque chose ? Lorsque l’auteur m’a gentiment proposé de découvrir son roman, j’étais emballée : une fantasy drôle et légère, avec pourtant ce qu’il faut d’intrigue et des personnages attachants, c’est un mélange efficace dont je raffole ! D’autant que tous les avis sont particulièrement élogieux, j’y suis donc allée les yeux fermés.

Quelle ne fut pas ma déception, donc, quand j’ai décroché dès les premières pages… Je n’ai malheureusement pas su trouver, même de loin, ni ce que promet le résumé ni ce que semblent y avoir vu les autres lecteurs. Point d’humour, même d’un genre qui ne me ferait pas spécialement rire, point de personnages approfondis ni d’histoire haletante… Plus qu’un mauvais livre en soi, il m’a plutôt fait l’effet d’un livre trop peu retravaillé après le premier jet. Les idées sont là, et pourraient être très efficaces si elles n’étaient pas entravées par une écriture peu claire, des formulations qui n’apportent que trop peu de profondeur, et une narration rendue confuse par un rythme inégal et des anecdotes souvent superflues.

Pourtant, certaines scènes sont visuellement très efficaces et ont assez bien fonctionné avec moi. L’écriture très factuelle (trop de « dire », pas assez de « montrer » pour que j’aie cette sensation de véracité des événements) pourrait parfois presque être celle d’un scénario de film, qui serait alors une aventure que j’irais voir avec plaisir.

Je regrette donc d’être passée complètement à côté de cette lecture, qui pourtant semble faire l’unanimité auprès du lectorat. Je ne saurais donc que vous encourager à vous faire votre propre avis : mon avis n’est que le mien, et ce roman a certainement toutes ses chances pour vous plaire !

D’optimisme et d’espoir : ce vieux rêve d’Écotopia

Trois États de la côte ouest des États-Unis – la Californie, l’Oregon et l’État de Washington – décident de faire sécession et de construire, dans un isolement total, une société écologique radicale baptisée Écotopia. Vingt ans après, l’heure est à la reprise des liaisons diplomatiques entre les deux pays. Pour la première fois, Écotopia ouvre ses frontières à un journaliste américain. Au fil de ses articles envoyés au Times-Post, William Weston décrit tous les aspects de la société écotopienne : les femmes au pouvoir, l’autogestion, la décentralisation, les 20 heures de travail hebdomadaire, le recyclage systématique, le rapport à la nature, etc. Quant à son journal intime, il révèle le parcours initiatique qui est le sien : d’abord sceptique, voire cynique, William Weston vit une profonde transformation intérieure. Son histoire d’amour intense avec une Écotopienne va le placer devant un dilemme crucial : choisir entre deux mondes.
~ Écotopia, d’Ernest Callenbach – Audiolib
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À mi-chemin entre le récit de fiction et la proposition idéologique, ce roman invite à imaginer une société fondée sur les principes du respect de la nature, de l’équilibre et de l’environnement. Et s’il est assez daté sur certains aspects, il fourmille d’idées, réalistes ou non, qu’on aurait malgré tout bien envie d’essayer…

Raconté sous la forme d’un journal de notes, le récit oscille entre des passages de la vie personnelle de William Weston et ses articles qu’il rédige à l’intention de la presse américaine, et qui sont à chaque fois concentrés sur une thématique bien particulière de la société écotopienne. J’ai découvert ce roman au format audio, le récit à la première personne m’a d’autant plus emportée ! Les aspects plus personnels et émotionnels de son expérience gagnent en réalisme, et les passages plus scientifiques passent plus facilement : le style d’écriture assez ancien aurait pu me décourager à l’écrit, alors que l’audio apporte un côté presque « podcast » plus abordable.

Côté univers, il y a de quoi rêver : l’auteur imagine, non pas une société parfaite, mais une société dont l’objectif est de tendre vers l’équilibre naturel du monde. Les valeurs écologiques sont centrales : les innovations technologiques fleurissent et les fonctionnements de société régressent, paradoxalement, dans un même mouvement vers l’équilibre entre développement humain et respect de l’environnement. S’il est rassurant de voir que certaines de ces idées si novatrices sont aujourd’hui ancrées dans les pratiques (le tri des déchets par exemple), d’autres demeurent encore hors de portée.

Écrit dans les années 70, c’est un récit très moderne par de nombreux aspects et rempli d’idées novatrices. Malheureusement, ça ne fait qu’accentuer le style de narration parfois vieillot, et la vision un peu datée des sociétés libérées. En termes de féminisme et de sexualité notamment, pas de doute, près de 50 ans nous séparent : les femmes sont fortes et indépendantes (ce sont même elles qui dirigent le pays), mais toujours avec une féminité et une sensualité particulièrement soulignées. Plus généralement, les relations physiques sont très décomplexées, et à partir du moment où il en fait la découverte, j’ai eu la sensation que ça devenait un sujet presque obsessionnel pour le personnage principal… Cela dit, n’oublions pas que ce récit prend ses racines en plein cœur du mouvement hippie du début des années 70 !

Au final, je ressors de cette lecture avec énormément d’espoir et d’inspiration. Je sais que même si une telle société reste hors de portée de nos jours, nous continuons tout de même à progresser, avec les idées et technologies dont nous disposons. Et pour celleux que l’âge du texte rebute, n’hésitez pas à vous tourner vers l’audio, qui s’écoute tout seul !

Les montagnes se rencontrent aussi, par-delà les mystères

La conservatrice d’un musée d’art asiatique disparaît soudainement à Lausanne lors de la traditionnelle Nuit des musées. Ses parents, les propriétaires d’un prestigieux domaine viticole, signalent aussitôt sa disparition. Comment Adèle Galland, une jeune femme décrite comme brillante et au passé sans histoires, a-t-elle pu disparaître sans crier gare ? Sa sœur Marion, aussi incorrigible qu’acharnée, aide la brigade locale à se saisir de l’enquête, secouant tout le gratin lausannois. Loin de la quiétude de la ville, elle les mènera hors des frontières, loin des sentiers battus ; jusqu’aux confins des monts aux neiges éternelles.
~ Les montagnes se rencontrent aussi, de Chloé Andrieu – Librinova (auto-édité)
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’un service presse : merci à l’autrice pour sa confiance !

Comme je suis toujours partante pour découvrir un petit policier léger, je me suis plongée dans cette lecture dès son arrivée ! Et malgré certains défauts, j’ai finalement passé un moment plutôt agréable.

J’avoue avoir eu un peu de mal à me plonger dedans au début : je trouvais les formulations parfois un peu bancales, les dialogues peu réalistes et les personnages, de fait, peu crédibles. J’avais du mal à croire en leur comportement, leurs relations… D’autant plus que le début de l’enquête est assez balbutiant : les enquêteurs suivent une piste puis l’abandonnent définitivement avant de passer à une autre, et elles n’auront aucune répercussion sur la suite de l’intrigue.

Pourtant, j’ai continué ma lecture. L’alternance de différents points de vue, explorant la temporalité de l’enquête et de la disparition en elle-même, est un procédé narratif qui me plaît beaucoup, et j’ai aimé voir ici aussi les pièces du puzzle s’imbriquer petit à petit ! Et puis, on ne va pas se le cacher, j’avais aussi tout simplement envie d’avoir le fin mot de l’histoire.

Curieusement, n’étant pas adepte de l’insertion de relations sentimentales dans les récits qui n’en ont pas forcément besoin, j’ai plutôt apprécié celle qui se met en place ici. Pas trop présente, elle est néanmoins touchante et j’ai aimé la voir fleurir au fil du roman !

Quant au dénouement, il m’a prise par surprise ! Et s’il m’a légèrement donné le sentiment de sortir de nulle part, je l’ai pourtant trouvé satisfaisant, et plutôt positif (toute proportion gardée bien entendu).

Au final, cette lecture a un petit goût de mitigé : certains éléments m’ont un peu empêchée d’être happée par l’histoire, que j’ai lue de manière assez distanciée. Pourtant, je poursuivais volontiers ma lecture, curieuse d’en découvrir les mystères ! Je n’ai donc pas passé un mauvais moment, mais je n’en garderai pas un souvenir impérissable… Quoi qu’il en soit, je remercie profondément l’autrice pour l’envoi de cet ouvrage, et je vous conseille de découvrir vous-même cet ouvrage pour vous faire votre propre avis !