Trouble et tourment entre les murs de Riverton

Eté 1924 : au cours d’une grande soirée donnée au château de Riverton, le poète Robert Hunter se suicide sous les yeux des soeurs Hartford. Les deux femmes ne se reparleront plus jamais après le drame. Hiver 1999 : une jeune cinéaste prépare un film sur ce scandale des années 20. Il ne reste plus qu’un seul témoin vivant de l’époque, Grace Bradley, alors domestique au château. Mais Grace a changé de vie, tiré un trait sur Riverton et ses secrets, ou du moins le croit-elle. Car le passé lentement se réveille…
~ Les Brumes de Riverton, de Kate Morton – Pocket
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J’ai finalement assez peu lu Kate Morton (celui-ci n’est que le troisième de ses romans que je découvre), mais je sais avec certitude que j’embarque à chaque fois pour un voyage temporel aussi douillet qu’intriguant, mystérieux et fascinant. J’avais absolument adoré ma toute première découverte de l’autrice, Le Jardin des Secrets, et j’avais malheureusement beaucoup moins accroché à La Scène des Souvenirs ; bien qu’il n’atteigne pas le premier, celui-ci penche lui aussi plutôt du bon côté !

Là où ce roman a souffert de la comparaison avec Le Jardin des Secrets, c’est que l’intrigue n’avance que sur une seule temporalité. J’avais beaucoup aimé le jeu avec les époques dans ma première découverte de l’autrice, et l’alternance entre passé et présent est ici moins marquée : si le retour en arrière nous plonge au cœur des événements, le temps présent présente uniquement la protagoniste telle qu’elle est devenue des décennies après.

D’ailleurs, une fois cette absence de « double enquête » acceptée, j’ai adoré apprendre à connaître cette vieille dame. J’ai trouvé que l’autrice décrivait magnifiquement bien ce que peut être la vieillesse, celle qui suit toute une vie que les plus jeunes n’ont pas connue et ne pourront jamais que pâlement imaginer. Elle retranscrit cette solitude face aux pensées que l’on est seul.e à avoir, face à un passé que plus personne ne partage, face à des gens qui ne peuvent tout simplement pas comprendre… Grace est partagée entre la culpabilité et l’apaisement, et m’a profondément émue par moments.

Lorsque l’autrice nous plonge dans le passé de Riverton, j’ai trouvé là aussi l’atmosphère particulièrement réussie. Du fait de l’attachement pour la vieille dame que Grace est devenue, ce retour dans son passé est rempli d’une nostalgie communicative : j’étais happée par les décors, les costumes, les sensations, l’atmosphère qui animent les lieux et les personnages de ce domaine des années 1920 ! Quant à l’intrigue, elle a beau avancer lentement et se mettre en place de manière presque imperceptible, elle m’a emportée jusqu’au bout. J’avais deviné une partie des révélations, mais la découverte de leur déroulement et des secrets enfouis est demeurée une scène marquante !

Cette lecture confirme donc mon affection pour les romans de Kate Morton : un aspect douillet auprès de personnages attachants, une plongée dans l’histoire avec une atmosphère captivante, et un mystère qui rôde en arrière-plan avant de mener au coup d’éclat final ! J’en lirai volontiers d’avantage ; d’ailleurs, lequel me conseillez-vous maintenant ?

Inheritance Games : mystérieux mystère au manoir

Que feriez-vous si vous receviez l’héritage d’un inconnu milliardaire convoité par ses sulfureux neveux ?
Avery Grambs, lycéenne sans histoire et sans le sou, rêve d’une bourse d’études pour entrer à l’université. Son destin bascule soudain quand Tobias Hawthorne, un célèbre milliardaire, lui lègue sa fortune. Cet argent tombe à pic, mais il y a un problème : Avery n’a jamais entendu parler de cet homme !
Pour toucher sa part d’héritage, elle doit néanmoins emménager dans la mystérieuse demeure des Hawthorne. Elle y côtoie les quatre petits-fils du défunt, tous aussi insondables que séduisants… et surtout bien décidés à l’empêcher de subtiliser leur dû !
Happée par un tourbillon de manigances, d’énigmes et de trahisons, Avery va devoir se prêter à un inquiétant jeu de dupes qui pourrait bouleverser sa vie à jamais…
~ Inheritance Games, de Jennifer Lynn Barnes – PKJ / Lizzie
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’un service presse : merci à la maison d’édition pour sa confiance !

Bon, je savais dans quoi je m’embarquais avec ce roman. Mais malgré le ton très ado que je redoutais, je restais intriguée par l’enquête, le mystère et les secrets de famille. Et si au final je n’ai pas passé un si mauvais moment, je reste assez mitigée sur certains aspects…

Déjà, j’ai été plutôt déçue par l’enquête, justement. Si l’aspect escape game était très bien rendu du côté des personnages, j’ai regretté de n’être pas davantage impliquée dans les énigmes en tant que lectrice : les indices sont donnés presque en même temps que leur résolution, et je n’ai donc été que spectatrice de ce jeu d’enquête grandeur nature… Malheureusement, les creux ainsi créés dans la narration sont comblés par les réactions troublées de la protagoniste face à deux des frères Hawthorne : ce fameux triangle amoureux, passage inéluctable pour tout roman ado qui se respecte, et qui finit par donner la sensation de prendre le dessus sur le reste de l’intrigue. Je l’avoue : j’espérais que, pour une fois, un roman ado s’en dispense, et se concentre réellement sur l’enquête promise par le résumé. Bon, tant pis.

Une fois la réduction à néant de ce vain espoir acceptée, j’ai finalement passé un moment plutôt agréable. Le format audio, combiné à une narration très orale, permettent un rythme fluide et presque addictif. J’ai pu le dévorer en très peu de temps, follement intriguée d’avoir enfin la réponse à toutes ces questions brûlantes qui parcourent le récit… Pour arriver à cette fin type « aha mystère, la suite au prochain épisode ». Bon, tant pis.

Je ne suis donc pas certaine d’avoir envie de continuer cette série : suivre quelques énigmes étalées au milieu des errements sentimentaux de la protagoniste sur deux autres tomes ne me fait pas si envie que ça. Pourtant, je reconnais qu’il y a un côté rudement efficace dans la narration, mais pour laquelle je ne suis tout simplement pas le public ciblé. J’ai voulu tester, j’ai vu ce que ça donnait : bon, tant pis !

Si vous avez terminé la trilogie, est-ce que la conclusion vaut le coup ? Sait-on jamais, je pourrais me laisser porter par l’envie de savoir…

Étourdissante exploration de la Maison des Feuilles

En rentrant chez eux un soir, les Navidson – Will, Karen et leurs deux enfants qui viennent à peine d’emménager en Virginie – découvrent qu’une nouvelle pièce a surgi dans leur maison… comme si elle avait toujours été là. Simple inattention ? Canular élaboré ? Mètres, plans et appareils de mesure sont réquisitionnés, et soudain l’explication la plus étrange devient la plus évidente : le foyer des Navidson est plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Très vite, d’autres changements surviennent ; un mur se décale, une nouvelle porte apparaît dans le salon et derrière elle un couloir étroit et obscur. Photoreporter de renom et aventurier intrépide, Will s’y risque un soir mais, manquant de se perdre dans ce qui s’avère être un dédale immense, décide de mettre sur pied une équipe d’explorateurs chevronnés, afin d’étudier ce passage qui paraît sans fin et qui, très vite, se révèle l’être pour de bon.
~ La Maison des feuilles, de Mark Z. Danielewski – Monsieur Toussaint Louverture
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Comment parler de ce livre ? S’il en est un que l’on peut largement qualifier d’O.L.N.I. (Objet Littéraire Non Identifié), c’est bien celui-ci ; et rien qu’un coup d’œil entre ses pages suffit à en convaincre. Je dois reconnaître qu’il m’intriguait autant qu’il m’impressionnait, mais je suis ravie de m’être lancée et d’avoir vécu cette expérience de lecture à nulle autre pareille.

Ce roman raconte un labyrinthe, et il en est un lui-même. Autour du récit des événements centraux viennent s’encadrer deux couches de récits, l’un très analytique, l’autre plus narratif. L’un comme l’autre sont déconcertants, dans leur côté à la fois fascinant et profondément lourd à lire. L’analyse, proposée par Zampano, porte sur le film des Navidson dans lequel ils explorent leur maison, auquel il apporte une analyse universitaire parfois très poussée, et sur des sujets scientifiques très variés : la physique du son, l’architecture, le cinéma… Le style est donc assez fastidieux, mais apporte parfois des réflexions que j’ai trouvées passionnantes. Le second récit, quant à lui, est celui de Johnny qui découvre les notes de Zampano. J’ai eu beaucoup moins de sympathie pour ce personnage et ses errances (ceux qui l’ont lu auront le jeu de mots), principalement centrées autour des considérations malsaines qu’il a pour chacune des femmes qu’il croise…

Le récit des Navidson est, curieusement, aussi central qu’accessoire. C’est lui qui motive chacune des couches de ce récit, et ça n’est pourtant pas celui qui occupe la plupart des pages… Cette partie de l’intrigue avance donc lentement, et prend le temps de nous plonger dans une ambiance sombre et pesante, parfois presque horrifique, où les notes de Zampano et de Johnny agissent en voix-off tandis que les scènes s’étirent autour de nous. Ce récit nous entraîne toujours plus loin dans les noirceurs inexpliquées de la maison, tandis que la mise en page du livre s’adapte, s’intensifie, ou nous laisse face au vide, à l’écho de quelques mots laissés en suspens…

Attention : ça n’est pas un roman à intrigue, mais entièrement un roman à ambiance, par laquelle il faut accepter de se laisser porter. Dans la maison, le rythme est bancal, tantôt effréné, tantôt hors de toute temporalité – un effet qui est d’ailleurs accentué par les différents récits encadrés. La mise en page est l’une des plus extravagantes que j’ai pu lire : même en tant que lecteur, il faut chercher son chemin… La fin m’a beaucoup plu, bien qu’elle soit elle aussi assez déconcertante ; quelque part, j’ai trouvé que c’était un beau pied de nez à toutes ces histoires vues et revues de phénomènes fantastiques qui trouvent leur résolution après une enquête haletante…

Ce fut donc une expérience de lecture extraordinaire, mais que je ne peux malheureusement pas recommander à tout le monde. Par contre, si vous êtes à la recherche d’un récit profondément original par lequel vous laisser porter, n’hésitez pas une seconde de plus : entrez dans la Maison des feuilles…

There Goes the Bride: voici venir l’ennui…

C’est en traînant des pieds qu’Agatha Raisin se rend au mariage de son ex, James Lacey. Elle en pince encore pour celui qui l’éclabousse avec son nouveau bonheur. Le jour des noces, coiffée de son plus beau chapeau, Agatha jubile de voir que l’autel est vide : la mariée n’est pas là ! Et pour cause, elle a été retrouvée avec une balle dans le corps avant même de pouvoir dire « oui ». Il n’en faut pas plus pour redonner à Agatha de l’espoir…avant que celui-ci ne retombe comme un pudding pas assez cuit lorsque la police décrète que la suspecte numéro un, c’est… elle !
~ Agatha Raisin, book 20: There Goes the Bride, de M.C. Beaton – Constable
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Je ne m’étais pas replongée dans les aventures de ma chère Agatha Raisin depuis des mois, il était donc plus que temps de retourner à Carsely et de poursuivre la découverte de cette série !

Malheureusement, ce tome-ci ne fait clairement pas partie des meilleurs. Je l’ai même trouvé plutôt bancal : pour moi, ni l’enquête ni les déboires d’Agatha ne tenaient debout dans ce tome-ci, et j’ai survolé ma lecture…

Côté intrigue, je l’ai trouvée décevante. Les enquêteurs ne savent pas où donner de la tête, certaines pistes sont lancées puis abandonnées, le coupable ne m’a pas surprise mais j’ai trouvé le dénouement sorti de nulle part et un peu tiré par les cheveux.

Quant à Agatha, elle ne sait toujours pas quoi faire d’elle-même et de ses relation sentimentales, et j’ai eu la sensation que l’autrice elle-même peinait à trouver de quoi renouveler son personnage… Je n’ai pas non plus ressenti le soutien chaleureux de son entourage, et le village de Carsely lui-même m’a un peu manqué…

Ce tome-ci fut donc un raté pour moi. Il me reste quand même un certain nombre de tomes à découvrir, j’espère que la suite repartira au moins un peu mieux !

Retrouver d’autres tomes chroniqués :
Tome 17 : Cache-cache à l’hôtel
Tome 18 : Un Noël presque parfait

La Passeuse d’histoires, entre voyage et déception

Jaya, une journaliste new-yorkaise, bouleversée par une troisième fausse couche et le délitement de son mariage, embarque dans un inoubliable voyage en Inde à la recherche de son histoire familiale troublée. Émerveillée par ce qu’elle y découvre, Jaya apprend tout ce qu’elle peut sur la culture du pays. C’est en rencontrant Ravi, ancien servant et confident de sa grand-mère Amisha, qu’elle va en apprendre plus sur son histoire familiale. Le vieil homme lui racontera la vie d’Amisha sous l’occupation britannique, de son mariage arrangé à son histoire d’amour impossible avec un lieutenant britannique. Il lui parlera également de l’école anglaise où, malgré les interdits de l’époque, elle enseignait l’écriture, elle qui adorait raconter et écrire des histoires pour ses enfants… À travers l’histoire déchirante de sa grand-mère, modèle de résilience, Jaya se découvre une force que, jusque-là, elle n’avait jamais soupçonnée.
~ La Passeuse d’histoires, de Sejal Badani – Éditions Charleston
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Ce livre avait rejoint ma wish-list après le coup de cœur qu’il avait été pour Stéphanie de Pikiti Bouquine, et il a rejoint ma liseuse dès que j’ai vu une offre sur le format numérique ! J’en attendais une puissante et touchante histoire de destin de femme, un dépaysement vers l’Inde… Et j’ai malheureusement été un peu déçue.

Je n’ai rien à redire sur tout le début du roman, qui m’a plutôt convaincue. Je suis toujours adepte des narrations en multiple temporalité, et ici je me suis autant attachée à Jaya qu’à Amisha, les deux femmes faisant face à des problématiques fortes et que j’ai trouvées bien amenées.

J’ai par contre été déçue de la manière dont l’histoire d’Amisha évolue. D’abord mue par sa passion pour les mots et sa volonté de liberté, elle ne devient plus qu’éprise d’un autre homme que son mari. Assez rapidement, tout ce dont elle rêvait pour elle-même, en tant qu’individuelle et en tant que femme, disparaît au profit de cette histoire d’amour interdit. Je comprends que l’autrice n’ait pas voulu en faire un personnage foncièrement militant et révolté, mais j’ai trouvé cet effacement très dommage, et l’histoire a perdu pour moi tout son impact…

J’ai cependant apprécié le voyage en Inde que m’a permis ce roman : l’immersion était réussie, et j’ai appris nombre de choses sur la culture, l’histoire et les mœurs indiens !

Ce ne fut donc pas une complète déception, mais j’en attendais davantage et je n’ai pas trouvé ce que je cherchais… J’en suis d’autant plus désolée que j’y suis plongée après un avis coup de cœur ! Et vous, avez-vous déjà suivi une recommandation coup-de-coeur qui vous a finalement déçu.e ?

Le Livre (addictif mais pas si fou) des Baltimore

Jusqu’au jour du Drame, il y avait deux familles Goldman. Les Goldman-de-Baltimore et les Goldman-de-Montclair. Les Goldman-de-Montclair, dont est issu Marcus Goldman, l’auteur de La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, sont une famille de la classe moyenne, habitant une petite maison à Montclair, dans le New Jersey. Les Goldman-de-Baltimore sont une famille prospère à qui tout sourit, vivant dans une luxueuse maison d’une banlieue riche de Baltimore, à qui Marcus vouait une admiration sans borne. Huit ans après le Drame, c’est l’histoire de sa famille que Marcus Goldman décide cette fois de raconter, lorsqu’en février 2012, il quitte l’hiver new-yorkais pour la chaleur tropicale de Boca Raton, en Floride, où il vient s’atteler à son prochain roman. Au gré des souvenirs de sa jeunesse, Marcus revient sur la vie et le destin des Goldman-de-Baltimore et la fascination qu’il éprouva jadis pour cette famille de l’Amérique huppée, entre les vacances à Miami, la maison de vacances dans les Hamptons et les frasques dans les écoles privées. Mais les années passent et le vernis des Baltimore s’effrite à mesure que le Drame se profile. Jusqu’au jour où tout bascule. Et cette question qui hante Marcus depuis : qu’est-il vraiment arrivé aux Goldman-de-Baltimore ?
~ Le Livre des Baltimore, de Joël Dicker – Éditions de Fallois (poche)
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Des fois, il arrive que je sorte de cette douce bulle qu’est la SFFF. Cette fois-ci, il me fallait quelque chose de léger, addictif, quelque chose d’assez peu complexe qui ne serait pas pénalisé par un rythme de lecture fractionné et peu régulier : il me fallait une lecture de vacances.

Comme j’avais beaucoup aimé le best-seller de Joël Dicker, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, j’ai pensé que le suivant pourrait convenir à mon envie du moment. Effectivement, il s’est très bien lu, à l’occasion d’une dizaine de jours aux emplois du temps bien chargés : le style est fluide, les pages se dévorent et l’histoire avance à un rythme suffisamment soutenu pour que chaque mini-session de lecture soit intéressante.

Et pourtant, je n’ai pas été aussi emballée que par le précédent. Alors que ce récit est beaucoup plus personnel pour le narrateur, j’ai beaucoup moins accroché avec ce personnage, assez peu charismatique et moyennement sympathique. Quant à l’histoire, je l’ai trouvée peu palpitante… Si l’objectif était de montrer les secrets d’une famille ordinaire, peut-être était-elle trop ordinaire ? Certes, les tensions sont là, mais elles ont un air d’exagération qui rend le dénouement final forcé, sorti de nulle part et peu réaliste. Avec un léger arrière-goût de « Tout ça pour ça ? ».

J’ai beau pointer du doigt les aspects qui m’ont moins plu, je l’ai quand même dévoré, et j’y retournais bien volontiers à chaque session de lecture : au final, ce livre m’a quand même fourni ce que je lui demandais !

Et vous, vous avez déjà fait l’expérience d’une lecture pas si folle mais qui correspondait parfaitement à ce qu’il vous fallait sur le moment ? Qu’est-ce que vous préférez emporter avec vous pour vos lectures de vacances ?

De pierre et d’os, un voyage aux confins du monde

Dans ce monde des confins, une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune femme inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n’a d’autre solution pour survivre que d’avancer, trouver un refuge. Commence ainsi pour elle, dans des conditions extrêmes, le chemin d’une quête qui, au-delà des vastitudes de l’espace arctique, va lui révéler son monde intérieur.
~ De pierre et d’os, de Bérengère Cournut – Le Tripode
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Quand j’ai rencontré ce livre en librairie, je n’en avais jamais entendu parler. Mais le titre, la couverture, le résumé m’ont interpelée, et le livre est rentré à la maison avec moi…

C’est un roman court donc il a été lu assez rapidement, mais j’avoue que je ne saurais pas vraiment dire s’il m’a happée ou non. Si j’ai beaucoup aimé certains éléments, il a semblé manquer quelque chose pour que je sois complètement emportée par ce récit…

Tout d’abord, c’est le style qui marque : très factuel, très « froid », il énonce les choses comme elles sont et ne cherche pas à enjoliver ni à broder autour. Il plonge dans une atmosphère très particulière, bel écho des grandes étendues blanches du Grand Nord où le moindre son brise le silence, le moindre mouvement fait revenir la vie dans un paysage immobile. Paradoxalement, il permet assez facilement d’entrer dans l’intimité du personnage que l’on suit : on se prend d’affection pour cette jeune femme honnête et franche, que les événements n’épargnent pas mais qui sait toujours faire face.

Par moments, le récit se fait plus lyrique, alors que le spirituel prend le pas sur le quotidien. Les deux sont toujours intimement liés l’un et l’autre, et cette narration si particulière brouille les frontières entre le monde réel et celui des esprits. J’ai été touchée par cette vision du monde, où la nature est reine et où brille toujours une petite lueur de magie…

Au final, je ne saurais pas dire ce qui n’a pas fonctionné, mais au-delà de cette lecture objectivement agréable, je n’ai malheureusement pas été transportée… Peut-être ce récit manquait-il trop d’émotions ? Peut-être m’attendais-je à quelque chose de différent ? Je regrette d’être passée un peu à côté de cette lecture : je l’ai pourtant en partie appréciée, et je reconnais volontiers que c’est un très beau texte !

Elle et son chat : tant d’amour dans une petite boule de poils

Chobi savoure sa vie de chat auprès de la maîtresse qui l’a recueilli, une jeune femme connaissant à la fois les avantages de l’indépendance et les affres de la solitude. Les yeux du félin assistent à ce quotidien qui s’écoule lentement, oscillant entre moments chaleureux et moments teintés d’amertume, entre jours de soleil et jours de pluie.
~ Elle et son chat, de Makoto Shinkai et Yamaguchi Tsubasa – Éditions Pika
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Qu’il est bon de faire une pause, juste quelques instants, juste pour profiter de la douceur du moment présent… Ce court manga, tome unique, est une vraie bulle d’air qui nous transporte tout en douceur loin, si loin de la froideur du monde !

Ce court récit est raconté au travers des yeux de Chobi, chaton adopté par son humaine un soir de pluie, alors qu’il avait été abandonné dans un carton : la narration est donc très particulière, parce qu’on s’attache très fort à cette jeune fille dès le début, sans vraiment savoir grand chose de sa situation (mis à part le fait qu’elle vivrait une période assez sombre de sa vie). À travers différentes scènes de vie, qui suivent paisiblement le rythme des saisons, on découvre peu à peu le quotidien de la jeune fille et de son chat, leurs habitudes, leurs joies et leurs peines partagées…

Il n’y a pas grand chose de plus que ça, finalement, et pourtant ç’a été suffisant pour me toucher droit au cœur. Ce récit est en réalité la déclaration d’amour d’un chat pour son humaine : il ne la comprend pas toujours, ne sait pas forcément ce qu’elle fait quand elle est dehors, mais elle est le centre de son univers et il l’aime inconditionnellement. Est-ce exagérer que de prêter à nos boules de poils de tels sentiments ? Peut-être, mais ça fait du bien de s’imaginer qu’ils nous aiment autant que nous les aimons !

Côté graphismes, je les ai trouvés agréables, fins et délicats. J’ai entre autres beaucoup aimé la manière dont est représenté Chobi : autant quand il « occupe le décor » (on a tou.te.s connu un chat se camoufler en plante verte) que lorsqu’il se blottit contre son humaine, j’ai trouvé son attitude très bien retranscrite, avec beaucoup de réalisme.

Ce récit existe également sous forme de roman et de court-métrage, et j’aimerais beaucoup découvrir ces autres versions. Quoi qu’il en soit, cette version manga me laissera un très beau souvenir, rempli de douceur et d’amour…

Rendez-vous au chalet des cœurs oubliés : la romance de Noël qui va bien

La première fois que Nicolas a rencontré Louise, il l’a prise pour une folle furieuse qui essayait de voler les bocaux de cornichons dans son Caddie.
La deuxième fois que Nicolas a vu Louise, il venait de défoncer la porte des toilettes pour hommes dans lesquelles elle était enfermée.
Clairement, Louise n’a rien à voir avec les femmes qu’il fréquente habituellement, lorsqu’il profite de son aura de célèbre guitariste de rock pour tromper la solitude de ses nuits. Éternelle optimiste, gourmande propriétaire d’une chocolaterie, elle est aussi une passionnée – limite obsessionnelle – de Noël. Sauf que lui déteste Noël. Et qu’il s’est laissé embarquer dans le rôle du faux petit ami de Louise pour faire enrager l’ex de cette dernière. Dès lors, Nicolas n’a qu’une seule certitude : ces vacances de fin d’année à la montagne promettent d’être tout sauf reposantes…
~ Rendez-vous au chalet des cœurs oubliés, d’Emily Blaine – Éditions Harlequin
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Je ne suis globalement pas une adepte de romance, et il m’arrive même régulièrement de lever les yeux aux ciels quand les amourettes prennent un peu trop de place à mon goût dans un récit. Mais quand Noël approche, depuis quelques années, je suis prise d’une irrésistible et inexplicable envie de romances de Noël…

Avec celle-ci, j’ai été servie ! La neige épaisse qui tombe tout au long du roman et la passion dévorante de la protagoniste pour les décorations pailletées et l’ambiance festive donnent au roman un véritable esprit de Noël et une atmosphère hivernale des plus douillettes.

Dans ce récit, on suit de manière alternée les deux personnages principaux, Louise et Nicolas. Peu consommatrice de romances en général, c’est une construction que je n’avais pas encore rencontrée dans ce genre et que j’ai plutôt appréciée : exit les quiproquos et le manque de communication, les embrouilles ne durent pas puisqu’on suit vraiment en parallèle les sentiments des deux protagonistes. Attention gros spoil (haha) : tous les deux se rendent comptent très tôt qu’ils s’apprécient, et on les voit se tourner autour tout au long du roman, trépignant d’impatience pour le moment où, enfin, ils vont s’avouer leur amour…

Si je devais chercher la petite bête, je pourrais être un chouïa déçue par la dernière partie. Jusqu’à la grande déclaration, Louise et Nicolas sont adorables ensemble, à se taquiner, se chamailler, et passer clairement des moments agréables l’un avec l’autre, à rire et discuter. Mais passée la déclaration, j’ai eu le sentiment que leur attachement est subitement devenu avant tout physique, et de les voir vouloir rester ensemble davantage pour partager des nuits peu vêtus que des journées de fous rires et de moments tendres, ce qui est pourtant ce qui les a rapprochés…

Je chipote, mais j’ai en réalité passé un très bon moment avec cette lecture, légère, rapide, douillette, et Noëlesque à souhait. Si vous cherchez de quoi occuper les quelques jours avant Noël, Rendez-vous au chalet des cœurs oubliés saura combler vos attentes !

La Vie invisible d’Addie Larue : celle qui marqua sans laisser de traces…

Une nuit de 1714, dans un moment de désespoir, une jeune femme avide de liberté scelle un pacte avec le diable. Mais si elle obtient le droit de vivre éternellement, en échange, personne ne pourra jamais plus se rappeler ni son nom ni son visage. La voilà condamnée à traverser les âges comme un fantôme, incapable de raconter son histoire, aussitôt effacée de la mémoire de tous ceux qui croisent sa route.
Ainsi commence une vie extraordinaire, faite de découvertes et d’aventures stupéfiantes, qui la mènent pendant plusieurs siècles de rencontres en rencontres, toujours éphémères, dans plusieurs pays d’Europe d’abord, puis dans le monde entier. Jusqu’au jour où elle pénètre dans une petite librairie à New York : et là, pour la première fois en trois cents ans, l’homme derrière le comptoir la reconnaît. Quelle peut donc bien être la raison de ce miracle ? Est-ce un piège ou un incroyable coup de chance ?
~ La Vie invisible d’Addie Larue, de Victoria E. Schwab – Lumen
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Oui, ce roman m’a marquée. Profondément touchée. Émerveillée, émue. Oui, j’y repense régulièrement depuis que je l’ai terminé. Oui, c’est un coup de cœur.

Ce roman, ça n’est pas vraiment une histoire, avec des rebondissements et des retournements de situation, une quête à accomplir ou un but à atteindre. C’est le récit d’une existence, celle d’Addie Larue. Le rythme est plutôt lent, presque contemplatif, tandis qu’on suit des épisodes épars de la vie d’Adeline, au fil des trois siècles de sa vie. Plutôt que d’insister sur la Grande Histoire, l’autrice a préféré peaufiner les ambiances de chaque période traversée : les odeurs, les sons, les vêtements, les foules… Je m’y suis crue, plongée avec Adeline au cœur du passé.

Je me suis d’ailleurs beaucoup attachée à ce personnage. Elle est toute en nuances, parfois forte, têtue face au diable qui l’a piégée, tantôt prête à craquer pour tout laisser tomber. J’ai aimé la voir évoluer, se faire une place dans ce monde où elle n’existe pas, apprendre à ne plus regretter ses erreurs ou son passé. Le diable aussi est très nuancé, oscillant entre menace et séduction, divinité et humanité. C’est en réalité le récit d’une relation étrange, dont on suit la lente évolution, jusqu’à la sensationnelle fin (qui m’a bouleversée).

Dans ce roman, derrière le récit, il y a une chose à laquelle je ne m’attendais pas : la présence aussi importante de l’art. Il n’est jamais mis en avant, jamais central dans les événements, mais il est pourtant toujours présent, comme un fil rouge en arrière-plan : si Adeline ne peut laisser de traces sur le monde, elle peut néanmoins laisser des idées… Peu à peu, elle parvient à s’infiltrer dans les esprits de ceux qui, peintres, musiciens, artistes, ont puisé leur inspiration dans cette source mystérieuse. Je garde également un souvenir émerveillé d’une scène où les personnages visitent une installation artistique, que l’autrice a décrite d’une telle manière que j’en ai été profondément émue…

La vie invisible d’Addie Larue, c’est un pavé, au rythme plutôt lent, mais que j’ai dévoré. Ce fut un coup de cœur dont je me souviendrai encore longtemps, et que je conseille chaudement à tout.e lecteur.rice qui aurait envie d’une lecture aussi unique qu’inoubliable…