Une définition de la fantasy : peut-on délimiter les frontières du genre ?

La fantasy est un genre extraordinaire : il est tellement vaste, impossible à embrasser d’un seul regard… et ses frontières n’ont à ce jour toujours pas été atteintes ! Sa première apparition est sans cesse remise en question, et peut-être pourrait-on faire remonter ses origines aux premières légendes du monde. Sa définition ne met personne d’accord, et pour chaque proposition, on pourrait trouver de nombreuses exceptions ; pourtant, tout le monde visualise avec plus ou moins de précision ce que l’on entend par fantasy. Histoire d’ajouter ma pierre à cet édifice sans fin, je vous propose ma vision de la fantasy et de ce qui la démarque des autres genres de l’imaginaire.

définir la fantasy

Si l’on se penche sur ce qu’en disent les dictionnaires en ligne, on découvre ceci :

  • pour le Dictionnaire de l’Académie Française, le terme n’existe tout simplement pas ; quant à la fantaisie, autre orthographe parfois donnée au genre, elle désigne au mieux une « œuvre où l’imagination, qui n’est pas strictement soumise au respect de règles propres à un genre, se donne libre cours » : la fantasy serait donc tout ce qui n’est pas déjà un genre codifié
  • pour le Larousse, la fantasy se pare immanquablement d’une « atmosphère d’épopée », se mélange au fantastique et est synonyme d’heroic fantasy. C’est une vision que je ne trouve pas complètement erronée en soi, mais qui demeure à mon sens datée, et qui ne prend pas en compte les évolutions qu’elle a pu connaître ces dernières décennies.
  • le Robert propose une définition qui est peut-être celle des trois qui me convient le mieux : « Genre littéraire dans lequel l’action se déroule dans un monde imaginaire peuplé d’êtres surnaturels, mythiques ou légendaires ». Je trouve que cette proposition laisse beaucoup de place à tout ce que la fantasy peut être, aussi bien en termes de ton que de thématiques.

Pour ma part, je retiens particulièrement la proposition de Gillian Brousse dans son livre Voyage au cœur de la Science-Fiction (aux éditions Noir d’Absinthe) :

« La Fantasy présente l’irrationnel accepté. Le lecteur découvre un autre monde et en admet tacitement toutes les règles, tant qu’elles sont constantes. L’auteur joue avec l’impossible et n’est pas tenu d’offrir des explications. »

Ce que j’aime dans cette définition, c’est qu’elle exclut l’aspect littéral de la notion de surnaturel, pour se concentrer sur le pas de côté que propose la fantasy par rapport à notre monde réel : parfois, le surnaturel n’est pas au cœur de l’intrigue (voire complètement absent), et la fantasy tient alors au fait que l’on se trouve ailleurs, dans un monde simplement différent.

différencier les genres de l’imaginaire

Le Larousse évoque le genre du fantastique dans sa définition, et l’ailleurs que je mentionne ci-dessus pourrait tout autant s’apparenter à un univers de science-fiction. Ces trois sous-genres des littératures de l’imaginaire sont effectivement intimement liés, et si leurs frontières individuelles sont difficiles à établir, il est peut-être encore plus ardu de poser celles qui les différencient les uns des autres… Là encore, de nombreuses propositions existent pour définir les caractéristiques de chaque genre par rapport à ses voisins, notamment celle de Gillian Brousse dans l’ouvrage mentionné ci-dessus, mais voici comment, pour ma part, je les distingue :

→ Dans le fantastique, le surnaturel est présent également, mais sa source n’est pas identifiée : magie, créatures étranges, fantômes… C’est une cause d’inquiétude voire d’angoisse pour les protagonistes, et l’enjeu va être de parvenir à identifier ce surnaturel pour en déjouer la menace. Pour moi, cela permet notamment de différencier ces genres lorsqu’ils prennent tous les deux pied dans notre monde.

→ En science-fiction, l’ailleurs trouve sa source dans la science et la technologie, des éléments au fonctionnement connu et maîtrisé, là où la fantasy incorpore plutôt des éléments que l’on apparenterait à une forme de magie, une force éthérée dont le fonctionnement nous est globalement inconnu. Cette proposition permet par exemple de pencher pour la théorie selon laquelle Star Wars, avec d’une part ses vaisseaux spatiaux et d’autre part sa mythique Force, relèverait donc de la science-fantasy

le principe du « oui, mais »

À partir de ces définitions et des codes que l’on associe à la fantasy, on peut donc jouer au jeu des exemples et des contre-exemples. Le Seigneur des Anneaux (J.R.R. Tolkien) est considéré comme l’archétype de la fantasy, avec son souffle épique et ses différents peuples qui cohabitent ; mais Bertram le Baladin (Camille Leboulanger) est un parfait exemple d’une fantasy aux enjeux minimes, avec la quête strictement personnelle d’un personnage qui n’a que son talent pour le démarquer du reste du commun des mortels. L’Assassin Royal (Robin Hobb) est une fantasy profondément ancrée dans une inspiration médiévale, tandis que Les Lames du Cardinal (Pierre Pevel) prend place sous le règne de Louis XIII. Brandon Sanderson propose de longues sagas passionnantes aux tomes épais comme des parpaings, là où Aurélie Wellenstein se concentre sur des tomes uniques originaux et poignants. Prospérine Virgule-Point et la Phrase sans fin (Laure Dargelos) est une aventure palpitante, fraîche et légère ; Kra (John Crowley) est au contraire un récit lent, très métaphorique, qui pose de nombreuses questions et prend le temps d’y réfléchir.

Si la fantasy demeure complexe à définir et à codifier, je pense que c’est un magnifique indicateur de ce qui en fait sa beauté et son intérêt : elle est vaste et ne cesse de s’étendre, elle explore constamment de nouveaux thèmes, renverse les codes établis pour en créer de nouveaux… En fantasy, il y en a pour tout le monde, pour tous les âges et tous les goûts. Je continuerai encore et encore à le répéter : la fantasy est un genre extraordinaire !

Et vous, quelle définition de la fantasy vous convient le mieux ? Quels exemples et contre-exemples vous viennent en tête lorsque l’on évoque ce genre ?

Inspirations printanières : que lire pour le retour des beaux jours ?

Vous le sentez, ce petit rayon de soleil sur votre visage, encore tout frais mais annonciateur du retour des beaux jours ? Vous les voyez, ces petits bourgeons prêts à éclore, ces petits insectes qui commencent à faire leurs premiers repérages ? Est-ce que tout ça ne vous donne pas envie de vous plonger dans des lectures de printemps, douces et lumineuses ? Si c’est le cas, voici une petite sélection de romans qui s’accordent à merveille avec cette saison qui arrive. Au programme : des univers légers et colorés, une nature qui s’éveille paisiblement, et d’agréables moments de lecture en perspective !

Le Vent dans les Saules, de Kenneth Grahame
Lecture de printemps par excellence, ce classique de la littérature jeunesse propose de suivre les aventures de quelques-uns des petits animaux qui peuplent les bords des rivières. Sous les saules, on prend le temps de s’émerveiller de la beauté de la nature et des petites choses du quotidien, et on reste soudé dans l’amitié quand survient l’adversité ! Quitte à (re)découvrir cette petite pépite de douceur, n’hésitez pas à en feuilleter une version illustrée : celles de Thibault Prugne (ci-contre) et de Chris Dunn sont particulièrement sublimes…

Le Paris des Merveilles, tome 1 : Les enchantements d’Ambremer, de Pierre Pevel
S’il est un univers de fantasy vivant et coloré, c’est bien celui du Paris des Merveilles ! Dans cette trilogie, l’auteur propose un Paris du début du XXe siècle alternatif, où s’invitent fées, magie et loufoquerie pour des enquêtes hautes en couleurs. Chaque tome propose une histoire indépendante, et le ton léger de la narration en fait un style qui se dévore. Si l’univers vous plaît, sachez qu’il a été complété par plusieurs recueils de nouvelles et séries de bande-dessinée : il n’y a pas de quoi s’ennuyer dans ce merveilleux Paris !

Au coeur du Yamato, tome 1 : Mitsuba, d’Aki Shimazaki
Puisque douceur et douleur ne sont distantes que d’une lettre, c’est entre les deux que choisit de naviguer cette autrice japonaise au travers des cinq récits interconnectés qui composent cette série. Avec une narration épurée et profondément intime, elle aborde dans chaque court roman une problématique marquante de la société japonaise : le poids de l’entreprise et des traditions, par exemple… Pourtant, même si le propos est poignant, l’autrice écrit avec beaucoup d’élégance et de sensibilité, et propose donc des récits dont émane une certaine lumière, idéaux pour ces douces journées de printemps que la pluie décide d’accompagner…

Orgueil et Préjugés, de Jane Austen
Elle est l’autrice par excellence des conversations fleuries, des sentiments naissants et des robes à rubans dans une campagne anglaise luxuriante, pourquoi ne pas (re)découvrir Jane Austen ce printemps ? Je vous propose ici Orgueil et Préjugés, mais on retrouve dans chacun de ses romans ce que j’aime beaucoup chez elle : une atmosphère pleine d’élégance et un humour mordant à souhait, critique assez moderne de la bonne société de l’époque. Sans parler des intrigues palpitantes qui parsèment le récit : va-t-il dépasser son orgueil ? Va-t-elle vaincre ses préjugés ?

Agatha Raisin, tome 1 : La quiche fatale, de M.C. Beaton
En Angleterre toujours, mais dans un autre registre, voici la fameuse Agatha Raisin ! Personnage haut en couleurs, cette jeune retraitée londonienne au caractère à couper au couteau est prête à tout pour mener son rêve à bien : une vie paisible dans un bucolique cottage des Cotswolds, au cœur de la campagne anglaise. Chaque tome nous embarque donc aux côtés de cette tonitruante et romantique Agatha, dans une folle ambiance « enquête et tasse de thé » ! Il s’agit de la première série de cosy mystery que j’ai découverte, et ma favorite pour l’instant ; mais je peux également vous conseiller Les Détectives du Yorkshire de Julia Chapman, ou Les Dames de Marlow de Robert Thorogood.

Miss Charity, tome 1 : L’enfance de l’art, de Loïc Clément & Anne Montel, d’après le roman de Marie-Aude Murail
Un régal pour les yeux autant que pour le cœur : voici ce que vous trouverez entre ces pages ! Si j’avoue n’avoir encore jamais lu le roman dont est tirée cette bande-dessinée, j’ai adoré découvrir ici cette jeune fille à la curiosité débordante. Elle n’a de cesse de partir à la découverte du monde qui l’entoure, d’apprendre à en connaître les moindres plantes et les moindres petites bêtes… C’est un personnage follement inspirant, sublimé par des planches magnifiques, lumineuses et colorées, fourmillantes de détails à observer !

Il y a bien sûr de très nombreuses autres lectures que je trouve particulièrement propices au printemps, mais j’espère que cette sélection assez éclectique vous aura donné quelques idées de saison. Et vous, quelles lectures vous inspire le retour des beaux jours ? Quels romans associez-vous volontiers au printemps ?

Magie contre Sourcellerie, et au milieu un Bagage à mille pattes

La magie, c’est de la bouillie pour les chats. Voici la sourcellerie, la puissance thaumaturgique de l’Aube des Temps ! Elle pénètre le Disque-Monde par l’entremise du huitième fils d’un mage (défroqué, oui!). Disons-le tout net : casse-cou. Faudra-t-il compter sur Rincevent pour sauver les meubles ? Il a plus d’un tour dans son sac percé. Il a aussi une équipe de choc, avec le pusillanime Bagage – tellement humain ! – et le subtil bibliothécaire de l’université des mages – tellement simiesque ! Avec Nijel le Destructeur, jeune héros par correspondance, et Conina, la fille du plus célèbre Barbare, par qui tombent les cœurs et les coups. Et, en prime, un séjour inoubliable dans la cité d’Al Khali, sous la houlette du Sériph Créosote.
~ Les Annales du Disque-Monde, tome 05 : Sourcellerie, de Terry Pratchett – L’Atalante
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Et hop, encore un tome de l’univers des Annales du Disque-Monde ! Avec celui-ci, je poursuis le cycle de Rincevent et des mages, et bien qu’il soit toujours très agréable à lire, ça n’est définitivement pas mon préféré.

Si les deux premiers tomes de ce cycle constituaient l’introduction de l’univers, la présentation de ses personnages et de ses spécificités, si les autres tomes introduisaient d’autres cycles avec leurs thématiques propres, j’ai eu la sensation que ce tome 5 revenait sur du pur divertissement. J’ai donc retrouvé ce plaisir simple de lire du Pratchett, avec sa narration si unique et son humour décapant, ces personnages complètement perdus face à des événements qui font un peu ce qu’ils ont envie de faire ; une part de moi regrette juste de ne pas avoir eu davantage à se mettre sous la dent.

Bien sûr, on sent ici toute la portée parodique des Annales du Disque-Monde, qui se moque avant tout des codes de son propre genre : des mages qui perdent tous leurs moyens dès lors que la magie se met à faire ce qu’elle veut, un héros aux bras de crevette qui rêve d’être Conan et une fille de Conan qui rêve d’être coiffeuse… et au milieu de tout ça, un personnage principal toujours aussi perdu, bringuebalé par les événements.

C’est d’ailleurs le seul reproche que je peux adresser de temps à autre à l’univers du Disque-Monde, et qui se ressent particulièrement dans ce tome-ci : parfois, j’ai presque la sensation que les personnages sont là uniquement pour donner corps à la narration, puisque c’est l’univers lui-même qui, après un dérèglement, va faire en sorte que les choses reviennent à la normale. Il en ressort quelque chose d’assez passif, mais qui d’un autre côté permet à l’aspect parodique de prendre toute son ampleur.

Ce tome-ci n’est donc clairement pas mon préféré, mais il en faut bien au moins un ! Cela n’entache pourtant pas mon affection pour l’univers du Disque-Monde, que je continuerai d’explorer avec délectation. Et vous, si vous avez lu quelques tomes de cette série, lequel vous a moins plu ?

Retrouvez d’autres tomes chroniqués et d’autres articles autour du Disque-Monde de Terry Pratchett en suivant le tag Disque-Monde.

Voyage au cœur de la science-fiction : le genre à la loupe

La Science-fiction incarne pour certains le domaine des possibles, alors que pour d’autres elle apparaît comme puérile, car souvent réduite à des stéréotypes éculés et des œuvres non représentatives.
Avec cet ouvrage, nous entendons vous faire (re) découvrir ce vaste genre aux multiples facettes capable comme nul autre de s’interroger sur notre monde.
Nous allons parcourir le temps à la recherche du moment où tout a commencé, rencontrer les précurseurs et les personnalités du genre, nous faufiler au cœur de récits majeurs et explorer ses thèmes de prédilection.
Qui que vous soyez, peu importe où et quand vous existez, vous découvrirez des œuvres qui résonneront en vous.
Alors, respirez un grand coup et accrochez-vous à ce livre, mais n’attachez pas vos ceintures, car là où nous allons, nous n’aurons plus besoin de routes…
~ Au cœur de la Science-Fiction, de Gillian Brousse (avec la participation de Rachel Gali, Wilfried Renaut, Magali Lefebvre, A.F Lune, Morgane Stankiewiez & Laurent Cazuguel) – Noir d’Absinthe
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’un service presse : merci à la maison d’édition pour sa confiance !

Bien que très amatrice des littératures de l’imaginaire depuis toujours, de la fantasy en particulier, je n’étais jusqu’à récemment que peu intéressée par les univers proposés par la science-fiction. C’est pourtant un genre que je me mets à explorer tranquillement, voire à apprécier… J’étais donc ravie de pouvoir découvrir cet ouvrage qui propose de décortiquer le genre, son histoire et ses codes !

De manière assez logique, l’auteur présente la chronologie du genre, remontant assez loin dans ses premières apparitions, puis décortique son évolution au fil des décennies. Il aborde également les thèmes principaux de la science-fiction et ses sous-genres, avant de plonger dans de très nombreux exemples de la littérature, du cinéma et d’autres formes d’expression du genre, musicales et plastiques entre autres. J’ai aimé ce panorama très complet, où les nombreuses références permettent autant aux connaisseur.se.s de retrouver leurs repères qu’aux novices de découvrir de nouveaux titres à explorer.

Au-delà de cette approche, le discours est régulièrement entrecoupé d’articles, qui permettent d’ouvrir une large parenthèse sur un point en particulier, pour lesquels l’auteur confie parfois la plume à un.e autre auteur.rice. Ces apartés permettent d’en apprendre davantage sur une figure de la science-fiction ou sur un univers en particulier, et m’a souvent donné envie d’en découvrir plus ! Tout au long de ma lecture, j’ai bien sûr noté de très nombreuses références à aller explorer plus tard… D’ailleurs, chaque partie se conclut sur une liste de titres conseillés par l’auteur, pratique !

Seule petite ombre au tableau, qui est surtout due aux attentes que j’avais : l’ouvrage s’étend beaucoup sur le cinéma puis sur les séries télé de science-fiction. Je pensais surtout plonger dans les univers littéraires du genre, je ne m’attendais donc pas à ce que ce voyage prenne autant de temps pour explorer les univers de l’audiovisuel. Cela dit, l’auteur propose ainsi une approche beaucoup plus complète, que j’ai eu la bonne surprise de voir étendue jusqu’à des arts auxquels je ne m’attendais pas : les arts graphiques et plastiques notamment, ainsi que la musique.

Ce fut donc une lecture riche et très intéressante, que j’ai picorée avec beaucoup de curiosité. Je pense qu’elle saura plaire autant aux novices qu’aux initié.e.s, par son foisonnement de références et de thématiques abordées. C’est un ouvrage très complet, qui m’a permis une très belle plongée dans ce genre que je connais maintenant bien mieux : je vous le conseille chaleureusement ! D’ailleurs, est-ce que vous connaissez d’autres écrits sur les genres de l’imaginaire ?

Clap de fin pour les lectures d’hiver : bilan du Cold Winter Challenge

Même si je n’avais pas réellement fait de pàl pour cette édition du Cold Winter Challenge, j’ai quand même essayé d’orienter mes lectures vers les humeurs que m’inspire la saison hivernale : tantôt du sombre, tantôt du réconfortant… Je n’ai finalement suivi que de très loin la petite liste que je m’étais préparée, mais j’ai fait pas mal de chouettes (et moins chouettes) lectures.

Au-delà d’un bilan pour cette édition du challenge, ce petit point est pour moi l’occasion de revenir sur quelques lectures de cet hiver, dont certaines sont déjà chroniquées sur le blog !

Magie de Noël

  • Coupe de champagne : /
  • Un chant de Noël : Roverandom, de J.R.R. Tolkien
  • Calendrier de l’Avent : Au royaume des vivants, d’Emmanuel Quentin

Yule

Hiver sombre

  • Nakatomi Tower : La maison des feuilles, de Mark Z. Danielewski
  • Fantôme des Noëls passés : /
  • Nuit du solstice : Le livre écorné de ma vie, de Lucius Shepard

Marcher dans la neige

  • Vive le vent : Un bûcher sous la neige, de Susan Fletcher
  • Pomme de pin : /
  • Patin à glace : Une odyssée du Grand Nord, de Jack London

Entre ces lectures et les autres que je n’ai pas réussi à placer dans ces catégories, j’ai finalement lu un total de 17 livres durant ces trois derniers mois, dont 8 pendant le mois de février au cours duquel j’ai également pris part, de loin, au challenge Fais Vriller ta Pàl d’Alex Bouquine en Prada. C’est donc loin d’être un mauvais score pour moi, et j’ai hâte de vous parler plus en détail de chacune de ces lectures. Et vous, cet hiver vous a-t-il proposé de belles lectures ?

Tragédie baryonique, orques de métal et tortue des étoiles

2173. L’humanité se remet progressivement de la grande migration climatique qui a décimé sa population. Le progrès scientifique est au point mort.
Seule perspective possible : mettre la main sur les gisements d’antimatière qui doivent se cacher quelque part dans l’espace. A cette fin, des mineurs d’espace-temps génèrent des trous de ver pour explorer les strates de l’Univers.
Sara et Slow sont ainsi embarquées dans le module Orca-7131. Mais une avarie improbable transforme cette mission de routine en catastrophe. Une expédition de la dernière chance s’organise alors – une tentative de sauvetage qui va peut-être marquer le retour de la denrée devenue la plus rare : l’espoir.
~ La trilogie baryonique, tome 1 : La tragédie de l’orque, de Pierre Raufast – Aux Forges de Vulcain
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’un service presse : merci à la maison d’édition pour sa confiance !

Je connaissais l’auteur par plusieurs de ses précédents titres. J’avais beaucoup aimé le style narratif unique qu’il proposait alors, presque sous forme de poupées russes qui s’ouvrent à la suite des autres, exercé plutôt dans un style contemporain. J’étais donc très curieuse de le découvrir dans ce premier essai de science-fiction !

S’il n’a pas repris ici cette construction narrative particulière, il se dégage malgré tout ce petit quelque chose de raufastien qui m’a beaucoup plu. L’univers de science-fiction qu’il propose ici n’est pas de ces univers complexes, très lointains et complètement différents, ni une version post-apocalyptique de notre univers, plus proche mais traumatisé. À l’opposé de tout ça, l’auteur m’a semblé faire presque une proposition, extrapolée de nos avancées technologiques actuelles et de celles qui pourraient être celles de demain. Il met donc en place atmosphère très réelle, très proche de nous et de notre société contemporaine, mais sans jugement et sans pessimisme appuyé, ce que j’ai trouvé rafraîchissant et très bien mené !

Côté intrigue, là aussi l’auteur propose quelque chose de très tangible, à la hauteur de simples individus à qui il arrive la mauvaise chose au mauvais moment. Bien sûr, les enjeux sont grands, mais il s’agit avant tout de deux humains qui tentent de sauver deux autres humains, et d’encore d’autres humains qui ne peuvent qu’attendre en angoissant… Encore une fois, c’est une simplicité que j’ai trouvée rudement efficace, et qui m’a happée jusqu’au bout !

Mais si simplicité il y a, le roman est loin de manquer de profondeur. J’ai trouvé les personnages très bien construits, avec suffisamment de nuances pour les rendre profondément réels, sans tomber pour autant dans l’exagération de personnages torturés (bien qu’il y en ait un ou deux dont on a très envie de découvrir les secrets…). Avec énormément de naturel, l’auteur profite du cadre qu’il a mis en place pour aborder un certain nombre de thématiques. On parle donc par exemple de la présence des IA dans notre quotidien, de la course à l’avancée technologique ou encore des relations familiales à distance. Là encore, il n’apporte aucun jugement, et se contente de les présenter comme partie intégrante de notre monde, avec leurs problématiques, leurs avantages et leurs défauts…

Bien entendu, la fin de ce premier tome présage de nombreuses conséquences, et je suis très curieuse de découvrir comment les choses vont se développer. En tout cas, cette première excursion de Pierre Raufast au pays de la science-fiction m’a énormément plu, avec une approche que j’ai trouvée très fraîche du genre : il parvient à coller à tous ses codes, tout en proposant une atmosphère complètement différente de tout ce que j’ai pu rencontrer pour l’instant… Je vous conseille donc chaleureusement de foncer découvrir ce premier tome d’une trilogie qui promet de belles choses !

Inheritance Games : mystérieux mystère au manoir

Que feriez-vous si vous receviez l’héritage d’un inconnu milliardaire convoité par ses sulfureux neveux ?
Avery Grambs, lycéenne sans histoire et sans le sou, rêve d’une bourse d’études pour entrer à l’université. Son destin bascule soudain quand Tobias Hawthorne, un célèbre milliardaire, lui lègue sa fortune. Cet argent tombe à pic, mais il y a un problème : Avery n’a jamais entendu parler de cet homme !
Pour toucher sa part d’héritage, elle doit néanmoins emménager dans la mystérieuse demeure des Hawthorne. Elle y côtoie les quatre petits-fils du défunt, tous aussi insondables que séduisants… et surtout bien décidés à l’empêcher de subtiliser leur dû !
Happée par un tourbillon de manigances, d’énigmes et de trahisons, Avery va devoir se prêter à un inquiétant jeu de dupes qui pourrait bouleverser sa vie à jamais…
~ Inheritance Games, de Jennifer Lynn Barnes – PKJ / Lizzie
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’un service presse : merci à la maison d’édition pour sa confiance !

Bon, je savais dans quoi je m’embarquais avec ce roman. Mais malgré le ton très ado que je redoutais, je restais intriguée par l’enquête, le mystère et les secrets de famille. Et si au final je n’ai pas passé un si mauvais moment, je reste assez mitigée sur certains aspects…

Déjà, j’ai été plutôt déçue par l’enquête, justement. Si l’aspect escape game était très bien rendu du côté des personnages, j’ai regretté de n’être pas davantage impliquée dans les énigmes en tant que lectrice : les indices sont donnés presque en même temps que leur résolution, et je n’ai donc été que spectatrice de ce jeu d’enquête grandeur nature… Malheureusement, les creux ainsi créés dans la narration sont comblés par les réactions troublées de la protagoniste face à deux des frères Hawthorne : ce fameux triangle amoureux, passage inéluctable pour tout roman ado qui se respecte, et qui finit par donner la sensation de prendre le dessus sur le reste de l’intrigue. Je l’avoue : j’espérais que, pour une fois, un roman ado s’en dispense, et se concentre réellement sur l’enquête promise par le résumé. Bon, tant pis.

Une fois la réduction à néant de ce vain espoir acceptée, j’ai finalement passé un moment plutôt agréable. Le format audio, combiné à une narration très orale, permettent un rythme fluide et presque addictif. J’ai pu le dévorer en très peu de temps, follement intriguée d’avoir enfin la réponse à toutes ces questions brûlantes qui parcourent le récit… Pour arriver à cette fin type « aha mystère, la suite au prochain épisode ». Bon, tant pis.

Je ne suis donc pas certaine d’avoir envie de continuer cette série : suivre quelques énigmes étalées au milieu des errements sentimentaux de la protagoniste sur deux autres tomes ne me fait pas si envie que ça. Pourtant, je reconnais qu’il y a un côté rudement efficace dans la narration, mais pour laquelle je ne suis tout simplement pas le public ciblé. J’ai voulu tester, j’ai vu ce que ça donnait : bon, tant pis !

Si vous avez terminé la trilogie, est-ce que la conclusion vaut le coup ? Sait-on jamais, je pourrais me laisser porter par l’envie de savoir…

Le Livre des Radieux : une suite toute en superlatifs !

Je me souviens des jours avant l’Ultime Désolation.
Avant que les Hérauts ne nous abandonnent, et que les Chevaliers Radieux se retournent contre nous. Des jours où la magie était encore de ce monde, et l’honneur dans le cœur des hommes. Aujourd’hui nous surveillons quatre personnes. La première est un chirurgien qui est devenu soldat dans une guerre brutale. La deuxième est un assassin qui pleure en tuant. La troisième est une jeune femme dont la robe d’étudiante abrite une âme de voleuse et de traîtresse. La dernière est un prince dont les yeux se sont ouverts sur le passé, tandis que son appétit pour la guerre décroît.
Le monde changera.
Ces quatre personnes sont la clé.
L’une d’entre elles nous aidera. L’une d’entre elles nous détruira.
~ Les Archives de Roshar, tome 2 : Le Livre des Radieux pt.2, de Brandon Sanderson – Le Livre de Poche
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J’ai peut-être attendu longtemps avant de reprendre la lecture de ce second tome, mais il ne m’a fallu que quelques pages pour retrouver mes marques dans cet univers désormais si familier ; et quel plaisir de retrouver ces personnages que j’affectionne tant !

Si ce demi-tome m’a moins fait l’effet wahou qu’ont pu me faire les précédents par leurs nombreuses et inattendues révélations, il n’en reste pas moins absolument époustouflant. Je pense notamment à la dernière partie, qui amène une résolution plutôt extraordinaire ! Elle conclut d’ailleurs magnifiquement toute l’épopée de ces deux premiers tomes, et annonce de très grandes choses pour la suite des événements.

Côté personnages, j’ai l’impression de les voir évoluer de plus en plus vite… Shallan, qui n’avait pourtant pas ma préférence au début, prend de l’ampleur et de la profondeur, et j’aime la voir évoluer au sein des nouveaux enjeux qui s’installent autour d’elle. J’ai moins aimé ce que devient ici Kaladin, qui se perd un peu, attendant patiemment le moment où l’auteur aura besoin de lui pour un retournement de situation… Dalinar, quant à lui, m’inspire de plus en plus de respect et de sympathie, et évolue dans une direction qui me plaît beaucoup.

Sans surprise, j’ai donc retrouvé dans ce demi-tome tout ce que je recherche quand je me tourne vers cet auteur et cet univers : de l’action et des retournements de situation, des mystères et des révélations épiques, des personnages tout en nuances et des destinées qui s’affirment… Je regrette juste les premières lueurs d’un triangle amoureux peu convaincant, mais qu’importe : je me plongerai dans le tome suivant avec toujours autant d’enthousiasme !

Dompteur d’avalanches, une fantasy des alpages

Ditto, quatorze ans, tient lieu de guide à des excursionnistes venus des plaines. Un jour, lors de l’attaque d’un monstre des cimes, il se découvre un don pour déclencher avalanches, coulées et crues. Un don puissant.
Or les écouleurs sont craints et haïs par les montagnards. Bientôt, Ditto se retrouve dans la peau d’un paria et contraint à la fuite. En compagnie d’amis inattendus , il va demander son aide à la Lorlaïe, la nymphe du grand glacier.
Mais le marché que lui propose cette dernière lui paraît inacceptable…
~ Le Dompteur d’avalanches, de Margot Delorme – Les Moutons Électriques
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’un service presse : merci à la maison d’édition pour sa confiance !

Toujours adepte des univers qui s’écartent un peu des sentiers battus, j’ai été ravie de pouvoir découvrir ce roman, dont j’ai pourtant très peu entendu parler.

Dès le début, j’ai été marquée par le ton plus jeunesse que ce à quoi je m’attendais. Rien de dérangeant cela dit : une fois ce fait accepté, on profite du récit qui se déroule… J’ai aussi été frappée par l’ambiance, très bien retranscrite : dans ce petit village de montagne, on entend les cloches des vaches, on voit les habitants avec leurs gilets en peau de mouton, on sent les odeurs du fromage et des pâturages, on aperçoit même quelques marmottes… Couplé avec le format audio, j’ai adoré ce ton de conte montagnard chaleureux et réconfortant.

J’ai également beaucoup aimé l’aspect initiatique de l’aventure dans laquelle est propulsé le personnage principal, Ditto. Alors qu’il se découvre une magie inconnue, tout un univers s’ouvre à lui et se dévoile petit à petit. Au fur et à mesure de sa progression, il fait la rencontre de nouvelles créatures aux pouvoirs inédits, et si j’ai pu trouver brièvement des airs de catalogue à cette succession de personnages, elle souligne bien l’immersion de Ditto dans ce nouvel univers, l’acceptation et l’apprentissage de son nouveau don.

Je déplore malheureusement l’intrigue très linéaire, certes propre au format du récit initiatique, mais où j’ai trouvé la progression presque trop facile pour les protagonistes. Cela dit, l’aspect conte du récit contrebalance très bien ce léger défaut, puisque j’ai finalement adoré suivre ces aventures, m’imaginant au coin du feu tandis que le narrateur relate avec passion chacune des péripéties…

Ce fut donc une agréable découverte, notamment de par son format audio. Cela ne restera malheureusement pas une lecture mémorable pour son intrigue, mais je garderai de bons souvenirs de l’atmosphère profondément montagnarde et chaleureuse qui s’en dégage ; et rien que pour ça, c’est une lecture que je recommande fortement !

Comment je lis : petites habitudes de lectrice

Il y a quelque temps, L’Oli Fant ouvrait sur sa chaîne Youtube une discussion passionnante : on aime lire, certes, mais comment lit-on ? Quels processus traversent les livres qui passent dans nos mains ? À quels choix sont soumises chacune de nos lectures ? Comme de nombreux lecteurs et lectrices à sa suite, je prends maintenant le temps de répondre aux interrogations qu’elle pose, afin d’apporter ma contribution à ce vaste débat.

comment je lis : petites habitudes de lectrice

constituer sa liste d’envies

Pour découvrir de nouvelles lectures, je me tourne vers deux sources : les réseaux sociaux (blogs, Youtube et Instagram), et les étals de libraires. En librairie, je repère les nouveautés, souvent à la couverture, parfois également en me fiant au résumé, ou à la réputation de l’auteur.rice ou de la maison d’édition. Sur les réseaux sociaux, je découvre également des titres plus anciens, et je m’appuie beaucoup sur les retours que je vois passer pour décider si un roman me tente ou non. Je sais assez bien ce qui peut me plaire, et suis donc finalement assez peu influençable en général : même lorsqu’un livre tourne avec tout un tas d’avis dithyrambiques, si je sais qu’il ne va pas forcément me convenir, je passe mon chemin sans hésiter !

ramener un livre à la maison

Je flâne beaucoup en librairie, mais achète finalement assez peu. Lorsque c’est le cas, il s’agit souvent d’un titre qui correspond à mes envies du moment : il peut donc s’agir aussi bien d’un titre de ma liste d’envies que d’un achat complètement spontané ! J’achète surtout en librairie, indépendante ou non, et parfois en occasion, pour laquelle je me limite aux titres qui me font réellement envie. En imaginaire, l’offre reste malgré tout assez limitée en librairie, donc je profite aussi énormément des salons littéraires pour alimenter ma pile à lire (et ma liste d’envies par la même occasion !).

élaborer sa pile à lire

Sur ce sujet le débat fait rage : je n’ai pour ma part aucun problème avec la taille ma pile à lire ! Elle navigue tranquillement autour des 100-120 romans, et je pense que c’est une taille qui me convient : elle s’équilibre bien avec mon rythme de lecture, et constitue une petite librairie personnelle variée, dans laquelle je peux piocher selon mon envie du moment. Je lis assez rarement un livre juste après son achat : il faut d’abord que je termine ma lecture en cours, puis mon humeur aura changé et j’aurai envie d’autre chose… Mais je sais qu’il sera lu à un moment donné !

commencer une lecture

Quand il s’agit de piocher une nouvelle lecture, je me fie la plupart du temps à mon humeur du moment : une lecture légère, un univers dense, une histoire réconfortante… Parfois, il s’agit du livre qui me trotte dans la tête depuis quelques temps, sur lequel je me jette dès que le précédent est terminé. Parfois j’hésite, partagée entre plusieurs idées, auquel cas je laisse une main innocente choisir pour moi parmi une sélection ! Je garde d’ailleurs une « pile à lire prioritaire », constituée des titres qui me font le plus envie sur le moment (ou qui valident les critères d’un challenge de lecture !).

dévorer les pages

Au cœur de la lecture elle-même, je peux avoir un rythme assez varié. Le genre et le style d’écriture, la période, mon niveau de concentration peuvent aussi bien me permettre de dévorer un pavé de 500 pages en deux jours que de picorer un roman de 200 pages en plus d’une semaine. Quant à la narration, je fais partie de ces gens qui n’ont pas d’images qui se forment dans la tête : les mots restent des mots… Mais si je suis impliquée dans une lecture, c’est avant tout pour son atmosphère, et les émotions qu’elle m’inspire. Je suis incapable de profiter d’une lecture si je me mets à analyser ce qu’elle raconte : je me laisse aveuglément porter, je laisse l’intrigue se dérouler… Et me retourner le cerveau à l’occasion ! J’ai également tendance à accélérer ma lecture au moment d’une scène d’action ou à l’approche d’une révélation, pouvant aller jusqu’à lire certains paragraphes en diagonale… pour revenir quelques pages en arrière parce que j’ai raté une information capitale.

comment je lis : petites habitudes de lectrice

Et vous, comment lisez-vous ? Est-ce que vos habitudes ressemblent aux miennes, ou pas du tout ? Comme le mentionnait L’Oli Fant dans sa vidéo, il est fascinant de voir que lire est en réalité beaucoup plus complexe et personnel que prendre un livre et l’ouvrir