Légendes d’une terre insaisissable

L’Empire du Léopard,
d’Emmanuel Chastellière


Le nom de cet auteur, ça faisait un moment que je le voyais passer et qu’il accrochait mon regard, un moment que ses univers m’intriguaient, un moment même que certains de ses titres attendaient dans ma pile à lire ; jusqu’à ce jour où, enfin, j’ai ouvert L’Empire du Léopard. J’ai adoré.

Du fait d’une période compliquée, je n’ai pas pu le dévorer à une vitesse effrénée, mais peut-être que ça lui aura finalement fait honneur : Emmanuel Chastellière propose ici un récit dense, à l’atmosphère captivante, et ce fut un réel bonheur d’y rester durant les quelques semaines de ma lecture. L’auteur nous plonge dans un univers aux airs d’Amérique du Sud, où il confronte ses personnages aux questionnements du colonialisme ; cette région du Nouveau Coronado est ainsi le théâtre d’enjeux de taille, et ses protagonistes ont, chacun à leur manière, un lien toute en nuance avec ce territoire. J’ai trouvé cette proposition de l’auteur aussi originale que passionnante, et je me suis délectée des dilemmes et des événements auxquels sont confrontés les personnages tout au long du récit.

L’intrigue, d’ailleurs, évolue avec beaucoup de profondeur au fil des pages. Tandis que les personnages progressent tant bien que mal dans cet univers tout sauf tendre, on sent que bien des choses se mettent en place en arrière-plan : des causes dont les conséquences n’apparaîtront que bien plus tard, au moment le plus inattendu… Et comme j’ai été surprise tout au long de cette lecture ! À plusieurs reprises, j’ai eu l’impression de voir chacun des protagonistes contraint de réévaluer sa situation et de comprendre que d’un coup tout avait changé, contraint de changer ses ambitions et sa trajectoire… Le roman se renouvelle magnifiquement bien, rythmé par ces retournements de situation qui viennent, comme un coup de pied dans une fourmilière, secouer tout ce qui était en place.

Tout ceci pour mener à un final magistral, cruel et fascinant, dont je n’aurais pas pu imaginer les proportions même quelques pages avant que tout n’explose et ne me coupe le souffle. Ce fut donc une conclusion en beauté pour une lecture qui m’aura transportée de la première à la dernière page, autant avec son intrigue magnifiquement bien menée qu’avec ses personnages passionnants, dont j’ai aimé la pudeur des sentiments (pourtant présents) et les tourments intérieurs. Je note aussi une approche très intéressante de la question du colonialisme, qui évolue en profondeur tout au long du récit. Le résultat de tous ces ingrédients est donc un excellent roman que je ne peux que vous conseiller chaleureusement ! Quant à moi, je fais remonter du fond de ma pile à lire les autres titres de l’auteur qui y dorment…

Hors-Caste : lorsque l’amour point au cœur de l’obscurité…

Suèhl est tellement dépourvu de magie qu’il n’appartient à aucune caste à Hemurn, où seul le Don confère une situation sociale. Repoussé, délaissé, il ne s’attend pas à attirer l’attention de cet étranger à la puissance hors norme. Pourtant, la complicité entre eux est immédiate. Et quand un drame fait vaciller les lois rigides d’Hemurn, l’alliance de ces hommes hors caste, dégagés des obligations qui les régissent, pourrait bien s’avérer la seule planche de salut.
~ Hors-Caste, de Marge Nantel – Noir d’Absinthe
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’un service presse : merci à la maison d’édition pour sa confiance !

Je suis rentrée dans ce roman sans trop savoir à quoi m’attendre, mis à part un univers de fantasy et une belle romance ; et si j’ai été déroutée par quelques points, j’ai globalement passé un agréable moment de lecture.

Parmi les premières surprises : il s’agit d’une fantasy presque animalière ! L’autrice propose ici un univers où l’animalité imprègne chaque personne, à plus ou moins haut niveau, créant de fait des castes d’humains plus respectables (les castes supérieures) ou incapables de contenir leur animalité (les castes inférieures). S’il m’a fallu du temps pour comprendre le fonctionnement aussi bien de ces castes que des différents degrés d’animalité des personnages, j’avoue avoir apprécié l’originalité de cette proposition.

Côté intrigue également, j’ai eu un peu de mal à saisir d’emblée les enjeux mis en place, leurs causes et leurs conséquences… Entre ces complexités et les événements qui emmènent à un moment donné les personnages dans un lieu complètement différent, j’ai parfois eu du mal à garder en tête le point de départ et l’objectif du récit. Là encore, tout a quand même fini par se clarifier, mais je retiens malheureusement une chape de brume flottant au-dessus d’une bonne partie du récit, qui m’a donné un peu l’impression d’avancer dans le noir…

Et pourtant, j’ai réussi à me laisser porter, m’abandonnant à l’autrice et à son roman. La partie centrale, qui m’a un peu perdue quant à l’intrigue, a permis de développer des personnages tout en profondeur et en nuances, et de mettre en place une relation touchante que j’ai vraiment appréciée. Quant à la fin, j’ai trouvé qu’elle concluait magnifiquement chacun des aspects développés plus tôt, aussi bien du côté des intrigues au sein des castes que sur les protagonistes en eux-mêmes. Ce fut donc une bonne lecture, que je recommande chaudement, ne serait-ce que pour sa proposition d’un univers original et de la très belle relation qui y est développée entre deux personnages aussi atypiques qu’attachants !

Et vous, avez-vous déjà lu de la fantasy animalière ? Auriez-vous des titres à me recommander pour en découvrir davantage ?

Repousser les limites : l’anthologie des Utopiales 2022

Irrésistibles sont les limites. A toujours chercher à les frôler, en débattre, les dépasser, l’humanité en a fait depuis toujours une obsession. Les nouvelles de cette anthologie jouent avec ce thème ; limites physiques et contraintes spatiales, limites climatiques et habitations noyées ; limites morales également – peut on exploiter des extraterrestres géants à outrance, ou doit-on appliquer les règles terrestres là où de la Terre, il n’y a aucune trace ?
~ Utopiales 2022, anthologie (Paul Pandelakis, Émilie Querbalec, Aurélie Wellenstein, Jean-Marc Ligny, Morgan of Glencoe, Julien Heybroeck Caldironi, Ugo Bellagamba, Morgane Caussarieu, Nicolas Martin, Floriane Soulas, Alexander Weinstein, Jean Baret et Karine Rennberg) – ActuSF
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L’an dernier, je participais pour la première fois au festival des Utopiales, centré cette année-ci autour du thème des Limites. Si j’ai eu du mal à enchaîner les conférences par manque de préparation, j’ai adoré profiter de l’ambiance du festival, et je suis ravie d’avoir pu prolonger l’expérience en ramenant l’anthologie de cette édition 2022.

Étant donnée l’orientation davantage SF que fantasy de la thématique, j’appréhendais un peu de découvrir une suite d’univers dans lesquels j’aurais eu du mal à plonger. Peur totalement injustifiée : j’ai trouvé chacune des nouvelles parfaitement accessibles, une bonne part d’entre elles se placent dans des univers de fantasy, et la plupart m’ont happée dès les premiers mots !

Naturellement, je n’ai pas accroché à toutes les propositions. J’ai eu un peu de mal par exemple avec Conte du Loup qui devint Corbeau, de Morgan of Glencoe : elle se place dans un autre univers de l’autrice que je ne connais pas, et j’ai eu la sensation qu’il me manquait des clés de compréhension. Je pourrai peut-être relire cette nouvelle une fois que j’aurai découvert le reste de son univers ?

Parmi celles qui m’ont beaucoup plu, je retiens notamment :

  • À cœur suspendu, d’Émilie Querbalec, où la SF se fait discrète mais la fin particulièrement poignante
  • L’Île, de Jean-Marc Ligny, un mélange doux-amer d’où émergent quelques douces notes d’espoir
  • Foudre, de Floriane Soulas, qui propose un univers très intéressant et une intrigue profondément efficace
  • Le Maître des Runes, de Karine Rennberg, dont l’univers m’a happée également, et qui me donne envie d’aller découvrir davantage ce que fait l’autrice

Cette anthologie fut donc une lecture riche en découvertes, qui m’a donné envie d’explorer les œuvres d’un certain nombre des autrices et auteurs qu’elle présente. Si je tenterai peut-être de me procurer les précédentes, je ne manquerai certainement pas d’attraper les prochaines à chaque futur passage au festival des Utopiales !

Et vous, vous lisez des anthologies ? Vous ont-elles permis de faire de belles découvertes ?

La lyre qui ne sonna et le glaive qui ne frappa : diseur de déception

Depuis l’accession au pouvoir du hartl Skilf Oluf’ar, la paix règne et la commanderie du Solkstrand prospère.
Lorsqu’on lui refuse le passage d’un pont parce qu’il ne peut s’acquitter du péage, Kelt prédit l’effondrement de la construction. Ainsi sont les diseurs de mots : ils possèdent de drôles de dons, jamais ils ne mentent et, affirme-t-on, leurs vérités ensorcellent.
Arrêté et livré aux geôles du seigneur local, Kelt doit démontrer son innocence lors d’une ordalie. Hòggni, un mercenaire en mal de contrats, accepte de le représenter puis remporte le duel. Toutefois, vexé de sa défaite, le seigneur les missionne alors au Heldmark, où le culte d’un dieu unique se répand plus vite que la peste…
~ La Lyre et le glaive, tome 1 : Le diseur de mots, de Christian Léourier – J’ai Lu
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Alors qu’il se languissait dans ma pile à lire depuis des années, j’ai pu finalement l’en sortir à l’occasion d’une lecture commune avec Olive Oued ; et si je suis ravie d’avoir partagé cette découverte avec elle, je suis moins convaincue par le roman lui-même…

Le résumé me promettait un récit original et prenant, où le langage est central et où chaque mot est capable d’influer sur les événements : j’ai été déçue. Au final, le roman propose quelque chose de complètement différent, si bien qu’aucune de mes attentes n’a vraiment été satisfaite. Plus qu’une histoire centrée autour du personnage de Kelt, on assiste surtout à une guerre qui ne concerne que très peu le fameux Diseur de mots : il suit donc les événements de manière passive, balloté çà et là par un roi qu’il n’a pas vraiment de raison de suivre et un hasard bien pratique pour la narration. Les secrets que cache Kelt sont complètement relégués en arrière-plan, et n’ont plus aucune incidence une fois révélés ; de même que cette magie étrange dont il semble faire preuve, qui se révèle surtout pour déclencher un ou deux retournements de situation.

Il y avait pourtant des éléments prometteurs. Une fois mes repères pris (ce qui a mis un peu de temps du fait d’un vocabulaire très spécifique et peu expliqué, ce qui n’a par contre rien de surprenant en fantasy), j’ai apprécié la densité de cet univers, et ses colorations nordiques. J’ai également eu beaucoup d’affection pour Hòggni, personnage profondément attachant à la culture très intrigante, et Varka, femme que l’auteur désigne comme forte sans le faire réellement transparaître par des faits, et qui pourrait apporter beaucoup plus de profondeur au récit si elle servait moins souvent de faire-valoir à Kelt…

Je ne pense donc pas prendre de le temps de conclure cette duologie : ce premier tome m’a trop peu embarquée, et bien d’autres lectures m’attendent déjà sur mes étagères… Je suis d’autant plus déçue de n’avoir pas accroché qu’il a reçu un prix à sa sortie et que j’en ai vu de très bons retours ! Je vous invite donc à vous faire votre propre avis si ce roman vous intrigue, et si vous l’avez déjà lu, je suis curieuse de savoir ce que vous en avez pensé.

Dompteur d’avalanches, une fantasy des alpages

Ditto, quatorze ans, tient lieu de guide à des excursionnistes venus des plaines. Un jour, lors de l’attaque d’un monstre des cimes, il se découvre un don pour déclencher avalanches, coulées et crues. Un don puissant.
Or les écouleurs sont craints et haïs par les montagnards. Bientôt, Ditto se retrouve dans la peau d’un paria et contraint à la fuite. En compagnie d’amis inattendus , il va demander son aide à la Lorlaïe, la nymphe du grand glacier.
Mais le marché que lui propose cette dernière lui paraît inacceptable…
~ Le Dompteur d’avalanches, de Margot Delorme – Les Moutons Électriques
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’un service presse : merci à la maison d’édition pour sa confiance !

Toujours adepte des univers qui s’écartent un peu des sentiers battus, j’ai été ravie de pouvoir découvrir ce roman, dont j’ai pourtant très peu entendu parler.

Dès le début, j’ai été marquée par le ton plus jeunesse que ce à quoi je m’attendais. Rien de dérangeant cela dit : une fois ce fait accepté, on profite du récit qui se déroule… J’ai aussi été frappée par l’ambiance, très bien retranscrite : dans ce petit village de montagne, on entend les cloches des vaches, on voit les habitants avec leurs gilets en peau de mouton, on sent les odeurs du fromage et des pâturages, on aperçoit même quelques marmottes… Couplé avec le format audio, j’ai adoré ce ton de conte montagnard chaleureux et réconfortant.

J’ai également beaucoup aimé l’aspect initiatique de l’aventure dans laquelle est propulsé le personnage principal, Ditto. Alors qu’il se découvre une magie inconnue, tout un univers s’ouvre à lui et se dévoile petit à petit. Au fur et à mesure de sa progression, il fait la rencontre de nouvelles créatures aux pouvoirs inédits, et si j’ai pu trouver brièvement des airs de catalogue à cette succession de personnages, elle souligne bien l’immersion de Ditto dans ce nouvel univers, l’acceptation et l’apprentissage de son nouveau don.

Je déplore malheureusement l’intrigue très linéaire, certes propre au format du récit initiatique, mais où j’ai trouvé la progression presque trop facile pour les protagonistes. Cela dit, l’aspect conte du récit contrebalance très bien ce léger défaut, puisque j’ai finalement adoré suivre ces aventures, m’imaginant au coin du feu tandis que le narrateur relate avec passion chacune des péripéties…

Ce fut donc une agréable découverte, notamment de par son format audio. Cela ne restera malheureusement pas une lecture mémorable pour son intrigue, mais je garderai de bons souvenirs de l’atmosphère profondément montagnarde et chaleureuse qui s’en dégage ; et rien que pour ça, c’est une lecture que je recommande fortement !

Grandiose voyage dans l’imaginaire : par-delà les confins avec L’âme du chien

Croire les prophéties.
Celui qui étreint l’âme du désert, qui chevauche et détruit les mondes, n’a que peu de pitié pour ses ennemis et son peuple.
Du haut de Salabanka, la ville dorée, il s’enorgueillit du Destin que l’oracle lui a confié. Alors, quand la sibylle lui ordonne de trouver un bras droit, il s’exécute. Il lui faut un guerrier à l’âme de chien prêt à tout pour accomplir l’avenir glorieux de son maître.
~ L’âme du chien, d’Antoine Ducharme – Mnémos (Mu)
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Un premier roman qui « bouleverse les codes de la fantasy », publié dans un label qui explore les « ruptures dans le réel » ? Je dis oui, cent fois oui. Et je remercie chaleureusement les éditions Mnémos qui m’ont permis de découvrir ce court mais sublime roman.

L’âme du Chien, c’est deux personnages. Humains, ou plus vraiment. Colère et bestialité, violence, soif de combat et de sang. Leur histoire est liée par un destin commun, qui se réalisera aux frontières de ce monde que l’on distingue, trouble, éthéré, au travers de leur insaisissable relation. Épiques, ancestraux, les éléments se dévoilent un à un, mais toujours flotte cette part de mystère et d’inconnu ; et au centre, une certitude : le cavalier aux poings de colère et le guerrier à l’âme de chien.

L’âme du Chien, c’est des mots. Un style grandiose, sublime, vaporeux, où chaque mot est choisi avec soin, chaque phrase est ciselée avec art ; pour que chaque mot, chaque phrase ne contienne plus seulement un banal morceau de narration, mais une part de l’infini même de cet univers, de l’immensité de ces destinées, et peut-être d’encore autre chose. Si ce style peut être déconcertant, c’est en réalité un tableau magnifique que peint l’auteur : deux personnages pris dans la tempête des mots, des oracles et des prophéties, et la question qui les tourmente sans cesse : combattre ou abandonner ?

L’âme du Chien, c’est une expérience, une œuvre unique parmi les littératures de l’imaginaire, que chacun vivra à sa manière. Un voyage entre l’épique et l’intime, au plus près de la légende et de la prophétie, au cœur de l’humain et de ses incertitudes. La couverture rend parfaitement ces sensations particulières que je retiens de ma lecture : une bourrasque de mots, un personnage pris dans la tourmente, un récit sans cesse mouvant qui balaie tout sur son passage, et ne laisse au lecteur que des certitudes vacillantes, et de vastes questionnements. L’inéluctable l’est-il vraiment ? Un destin vaut-il vraiment le coup ? Une fois le prix payé, que retiendra-t-on ?

Je ne sais pas si j’ai réussi à rendre justice à cette pépite, mais j’espère vraiment avoir attisé votre curiosité : ce court roman ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais si vous êtes à la recherche d’une lecture hors du commun sur les sentiers de l’imaginaire, n’hésitez pas une seconde de plus, foncez.

Voyage unique dans le Désert des couleurs

Dans le désert des couleurs, chaque grain de sable est un souvenir perdu et oublié. Marcher dans les dunes, c’est voir sa mémoire s’effacer. Alors pour se protéger, l’humanité s’est réfugiée dans le cratère d’un volcan. Mais depuis quelques temps, le sable monte chaque jour le long de ses pentes. Malgré les risques, une fille qui perd ses souvenirs, un garçon porteur de mémoire et un oiseau télépathe partent explorer le désert multicolore afin de trouver une solution pour lutter contre la crue. En chemin, ils se perdront. À la fin, ils se retrouveront.
~ Le Désert des couleurs, d’Aurélie Wellenstein – Scrineo
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J’avais envie de découvrir l’autrice depuis un moment, mais j’avais toujours un peu peur de la réputation très sombre de ses écrits. Quand j’ai découvert celui-ci en librairie, il m’a immédiatement interpelée, avec un résumé annonçant quelque chose de beaucoup plus lumineux…

J’attendais donc beaucoup de ce roman, et je n’ai pas du tout été déçue. L’écriture est belle, et crée avec un mélange de simplicité et de poésie un univers tangible, aux contours assez flous mais qui se dévoilent au fil du récit. Loin d’être frustrée par la concision de la mise en contexte, j’ai au contraire adoré la place que ces étendues de sable infinies laissent aux personnages pour se développer, et les innombrables passés que l’on peut imaginer derrière chaque grain de sable.

J’ai été conquise également par les personnages qu’elle a construits : ce duo d’explorateurs dont la mission pourra peut-être sauver le peuple entier, cet humaine et ce « demi-dieu » à la nature si particulière, ce frère et cette sœur à la relation complexe… Ils ont l’infini du désert pour eux seuls, mais ce roman est presque un huis clos au cœur de leur relation, sans cesse en évolution. Au fil des souvenirs, on assiste aux conflits et aux réconciliations, aux révélations, et quelque part presque en arrière plan, à l’avancement de leur quête.

L’autrice aborde dans ce roman un certain nombre de thématiques assez fortes, du traumatisme à la mémoire, des erreurs de l’humanité à la cause animale. Pourtant, j’ai trouvé qu’elle tentait de leur apporter une forme d’apaisement. Malgré certaines scènes très fortes, particulièrement poignantes, j’ai aimé la manière dont elle est parvenue à faire apparaître cet éclat de lumière coloré au milieu de l’obscurité…

Ce fut donc une première expérience particulièrement réussie avec Aurélie Wellenstein, une expérience unique, toute en nuance et en poésie, et j’essaierai de me procurer ses autres romans. D’ailleurs, lequel me conseillez-vous ? Est-ce que vous avez aimé celui-ci ?

Un long, très long voyage : un voyage manqué…

Issu d’une famille de pêcheurs, Liesse doit quitter son village natal à la mort de son père. Fruste mais malin, il parvient à faire son chemin dans le comptoir commercial où il a été placé. Au point d’être pris comme secrétaire par Malvine Zélina de Félarasie, ambassadrice impériale dans l’Archipel, aristocrate promise aux plus grandes destinées politiques. Dans le sillage de la jeune femme, Liesse va s’embarquer pour un grand voyage loin de ses îles et devenir, au fil des ans, le témoin privilégié de la fin d’un Empire.
~ Un long voyage, de Claire Duvivier – Aux Forges de Vulcain (Audiolib pour la version audio)
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’un service presse : merci à NetGalley et à la maison d’édition pour leur confiance !

Le nom de Claire Duvivier commence à se faire une place sur les étagères de l’imaginaire francophone, et lorsque j’ai eu l’occasion de découvrir son premier roman, au format audio qui plus est, j’en ai bien volontiers profité !

Malheureusement, ce ne fut pas un franc succès pour moi… Il m’a fallu quelques tentatives pour réussir à entrer dans l’histoire auprès du personnage principal, narrateur au « je » qui d’ordinaire me happe très facilement. Une fois lancée, j’ai conservé jusqu’à la fin une représentation assez floue de la politique et de la hiérarchie en place, des éléments pourtant centraux à l’intrigue. Peut-être est-ce là une des raisons de ma petite déception : en fantasy, les contextes et personnages politiques sont de ceux qui me passionnent le moins… Dommage, n’est-ce pas ?

Concernant le narrateur, j’ai eu du mal à m’intéresser à lui. Tout au long de mon écoute, je suis restée assez détachée de ses troubles et questionnements personnels, ne comprenant que peu cette nécessité (dont il se justifie pourtant) de devoir parler de lui pour replacer « la Grande Histoire » dans un quelconque contexte. Je ne l’ai pas trouvé attachant, ni touchant, ni charismatique… complètement inintéressant, en somme. Le vrai personnage principal, Malvine Zélina de Félarasie, n’en était alors que plus lointain, femme forte éclipsée par la vie insipide d’un homme sans grande personnalité. Encore une fois : dommage.

Quant à l’intrigue… Quelque temps après la fin de mon écoute, je ne garde pas la sensation d’un enjeu important, et je serais même bien incapable de vous résumer le propos général du roman. En soi, ça n’est pas un élément qui me dérange, mais dans ce cas-ci il a certainement participé à ma perte d’intérêt. Ce qui m’a vraiment déçue, par contre, ce sont le retournement de situation final, sorti de nulle part, et la dernière partie faisant office d’épilogue, bien trop longue…

Peut-être qu’en découvrant ce texte au format écrit, j’aurais davantage apprécié la plume de l’autrice, et j’aurais peut-être mieux saisi l’intérêt de ce rythme lent. Je comprends la volonté de l’autrice de sortir des clichés de combats épiques, de complots machiavéliques et de secrets mystiques, et je suis moi-même plutôt adepte des récits qui sortent de cette manière des sentiers battus. Mais cette fois-ci, je suis passée à côté… Je suis d’ailleurs rassurée de voir que l’Ours Inculte semble partager mon ressenti ! Et vous, si vous l’avez lu, qu’en avez-vous pensé ? Me conseillez-vous de donner une chance aux autres romans de l’autrice ?

Steam Sailors : embarquement immédiat à bord de l’Héliotrope

Il fut un temps où les Alchimistes nourrissaient le Haut et Bas-Monde de leurs inventions merveilleuses, produits de magie et de science. Un temps de machines extraordinaires, de prodiges électriques et d’individus aux pouvoirs fantastiques. Une époque révolue depuis que les Industriels ont éradiqué les Alchimistes et leur formidable savoir. Pourtant, on raconte qu’à l’aube de leur disparition, ils auraient caché leur fabuleux trésor dans une cité secrète…
Quatre siècles après la Grande-Fracture, les habitants du Bas-Monde traversent une ère obscure et rétrograde, tandis que le Haut-Monde, figé depuis l’extinction des Alchimistes, demeure inaccessible et fait l’objet de tous les fantasmes. Originaire du Bas-Monde, Prudence vit en paria car elle voit l’avenir en rêves. Une nuit, son village est attaqué par des pirates du ciel. Enlevée et enrôlée de force à bord de l’Héliotrope, un navire volant à la sinistre réputation, la jeune orpheline découvre un nouvel univers, celui du ciel et des pirates. Prudence fait la connaissance des membres de l’équipage, qui ne tardent pas à lui révéler leur secret : ils détiennent un indice, menant à une série de « clefs » disséminées dans le monde, qui permettait de retrouver la cité des Alchimistes…
~ Steam Sailors, tome 1 : L’Héliotrope, d’Ellie S. Green – Gulf Stream
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Après en avoir énormément entendu parlé, et alors qu’il faisait partie des recommandations de cet été pour le Challenge SFFF, je me suis enfin décidée à découvrir cette trilogie jeunesse à succès, et spoiler alert : j’ai beaucoup aimé !

J’ai trouvé l’univers très bien construit : en peu d’éléments, l’autrice met en place un monde crédible, avec son histoire, sa magie, ses continents… L’ensemble est parfaitement dosé pour qu’on ne se perde pas dans les détails tout en étant immédiatement happé.e par cette ambiance si singulière à base de bateaux volants et de vent dans les cheveux ! Quant à l’intrigue, elle fonctionne tout aussi bien. Tout au long du roman, on est embarqués avec la jeune Prudence dans un enchaînement de péripéties et de révélations qui ne faiblit jamais ! J’adore cette atmosphère de récit d’aventure jeunesse, de chasse au trésor et de secrets enfouis, et j’ai été joliment servie ici.

Autre tour de force de l’autrice : au-delà d’un univers authentique et d’une intrigue toujours plus prenante, elle parvient à proposer tout un éventail de personnages tous plus attachants les uns que les autres, équipage de bourrus au grand cœur. La confiance et la bienveillance qui les lie et qu’intègrera rapidement Prudence fait chaud au cœur, et ajoute au roman cette petite dose chaleureuse qui donne immanquablement envie d’y revenir… Et en ce qui concerne Prudence, je l’ai trouvée débrouillarde et dégourdie ; ses moments de doute n’en sont que plus touchants, et je suis curieuse de découvrir le secret que cache son passé…

J’ai passé un très bon moment à bord de l’Héliotrope : aventure et chasse aux trésor, secrets et magie… J’y retournerai avec grand plaisir avec les tomes suivants ; et si ce n’est pas encore fait, je vous conseille chaudement de, vous aussi, monter à bord !

Druide : sombres secrets au cœur de la forêt…

1123 après le Pacte.
Au nord vivent les hommes du froid et de l’acier, au sud errent les tribus nomades et au centre du monde règnent les druides. Leur immense forêt millénaire est un royaume d’ombres, d’arbres et de mystères. Nul ne le pénètre et tous le respectent au nom du Pacte Ancien. Les druides, seigneurs de la forêt, aident et conseillent les hommes avec sagesse mais un crime impensable bouleverse la loi de toutes les couronnes : dans la plus imprenable citadelle du Nord, quarante-neuf soldats ont été sauvagement assassinés sans que personne ne les entende seulement crier.
Certains voient là l’œuvre monstrueuse d’un mal ancien, d’autres usent du drame comme d’un prétexte pour relancer le conflit qui oppose les deux principales familles régnantes. Un druide, Obrigan, et ses deux apprentis ont pour mission de retrouver les assassins avant qu’une nouvelle guerre n’éclate. Mais pour la première fois, Obrigan, l’un des plus réputés maître loup de la forêt, se sent impuissant face à l’énigme sanglante qu’il doit élucider… Chaque nouvel indice soulève des questions auxquelles même les druides n’ont pas de réponses.
Une seule chose lui apparaît certaine : la mort de ces quarante-neuf innocents est liée aux secrets les plus noirs de la forêt.
~ Druide, d’Olivier Peru – Éditions Éclipse
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Ce livre est resté longtemps dans ma pàl : ce petit pavé plutôt sombre de réputation m’impressionnait, avec un petit côté horrifique peu rassurant… Finalement je me suis lancée, et tout va bien. Enfin…

J’avoue avoir refermé ce livre avec un sentiment assez mitigé. Sur certains points, c’était vraiment une excellente lecture : j’ai par exemple adoré l’atmosphère assez angoissante, qui donne presque une sensation de « huis-clos à ciel ouvert » lorsque la menace est dans les parages ! J’ai aussi beaucoup aimé l’univers en lui-même, avec ces ordres de druides qui entretiennent un lien particulier avec la forêt et mettent en place une relation touchante entre un maître et ses apprentis. La magie n’est pas réellement un pouvoir à part entière, c’est davantage quelque chose de l’ordre de l’instinct et de l’ouverture à la forêt et aux animaux ; en quelle sorte, elle m’a rappelé le Vif de l’Assassin Royal, avec une dimension plus sombre qui m’a particulièrement marquée. Quant à l’intrigue, elle apporte un côté « policier » plutôt plaisant à la trame classique de fantasy.

Pourtant, autant le début m’a happée, autant dès la moitié je décrochais déjà un peu… J’ai eu le sentiment que l’intrigue traînait en longueur, que les choses n’avançaient pas vraiment, et surtout que l’enquête initiale était complètement laissée de côté. Alors que le début tisse des liens entre la forêt et le monde extérieur, ces liens sont rapidement oubliés pour ne laisser que les druides renfermés sur eux-mêmes… Puis la grande révélation est arrivée, subitement, sous forme de récits dans le passé imbriqués les uns dans les autres et assez flous. Pouf, le mystère est levé, le problème est réglé, l’affaire est résolue. Finalement, il n’y aura pas vraiment eu d’enquête…

Je n’ai donc malheureusement pas été convaincue par le rythme de l’intrigue, défaut qui a pas mal pesé sur ma lecture. Pourtant, je n’ai pas passé un mauvais moment, puisque l’ambiance était prenante, et l’univers proposait des éléments intéressants. Je ne vous conseillerai donc que de vous faire votre propre avis si le livre vous intrigue, et je suis curieuse de savoir ce que vous en aurez pensé !