L’Empire du Léopard,
d’Emmanuel Chastellière
Le nom de cet auteur, ça faisait un moment que je le voyais passer et qu’il accrochait mon regard, un moment que ses univers m’intriguaient, un moment même que certains de ses titres attendaient dans ma pile à lire ; jusqu’à ce jour où, enfin, j’ai ouvert L’Empire du Léopard. J’ai adoré.
Du fait d’une période compliquée, je n’ai pas pu le dévorer à une vitesse effrénée, mais peut-être que ça lui aura finalement fait honneur : Emmanuel Chastellière propose ici un récit dense, à l’atmosphère captivante, et ce fut un réel bonheur d’y rester durant les quelques semaines de ma lecture. L’auteur nous plonge dans un univers aux airs d’Amérique du Sud, où il confronte ses personnages aux questionnements du colonialisme ; cette région du Nouveau Coronado est ainsi le théâtre d’enjeux de taille, et ses protagonistes ont, chacun à leur manière, un lien toute en nuance avec ce territoire. J’ai trouvé cette proposition de l’auteur aussi originale que passionnante, et je me suis délectée des dilemmes et des événements auxquels sont confrontés les personnages tout au long du récit.
L’intrigue, d’ailleurs, évolue avec beaucoup de profondeur au fil des pages. Tandis que les personnages progressent tant bien que mal dans cet univers tout sauf tendre, on sent que bien des choses se mettent en place en arrière-plan : des causes dont les conséquences n’apparaîtront que bien plus tard, au moment le plus inattendu… Et comme j’ai été surprise tout au long de cette lecture ! À plusieurs reprises, j’ai eu l’impression de voir chacun des protagonistes contraint de réévaluer sa situation et de comprendre que d’un coup tout avait changé, contraint de changer ses ambitions et sa trajectoire… Le roman se renouvelle magnifiquement bien, rythmé par ces retournements de situation qui viennent, comme un coup de pied dans une fourmilière, secouer tout ce qui était en place.
Tout ceci pour mener à un final magistral, cruel et fascinant, dont je n’aurais pas pu imaginer les proportions même quelques pages avant que tout n’explose et ne me coupe le souffle. Ce fut donc une conclusion en beauté pour une lecture qui m’aura transportée de la première à la dernière page, autant avec son intrigue magnifiquement bien menée qu’avec ses personnages passionnants, dont j’ai aimé la pudeur des sentiments (pourtant présents) et les tourments intérieurs. Je note aussi une approche très intéressante de la question du colonialisme, qui évolue en profondeur tout au long du récit. Le résultat de tous ces ingrédients est donc un excellent roman que je ne peux que vous conseiller chaleureusement ! Quant à moi, je fais remonter du fond de ma pile à lire les autres titres de l’auteur qui y dorment…
1870. Après une épuisante campagne militaire, le royaume du Coronado a conquis l’essentiel de la péninsule de la Lune-d’Or. Seul l’empire du Léopard, perdu dans les montagnes, lui résiste encore.
Dans l’attente des renforts promis par sa hiérarchie, le colonel Cérès Orkatz – surnommée la Salamandre – peine à assurer l’ordre sur place, la faute à un vice-roi bien intentionné mais trop faible. Dans ce monde de jungles et de brume, les colons venus faire fortune s’épuisent et meurent à petit feu, même si certains au sein du régiment espèrent toujours découvrir la mythique cité de Tichgu, qui abriterait selon les légendes locales la fontaine de Jouvence.
Alors qu’une éclipse lunaire sans pareille approche, Cérès va devoir tenter d’assurer la survie de ses hommes, au mépris peut-être de ses allégeances…
~ L’Empire du Léopard, d’Emmanuel Chastellière – Éditions Critic
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