Au coeur de l’Écosse du XVIIe siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher.
Dans le clair-obscur d’une prison putride le Révérend Charles Leslie, venu d’Irlande espionner l’ennemi, l’interroge sur les massacres dont elle a été témoin. Mais, depuis sa geôle, la voix de Corrag s’élève au-dessus des légendes de sorcières, par-delà ses haillons et sa tignasse sauvage. Peu à peu, la créature maudite s’efface; du coin de sa cellule émane une lumière, une sorte de grâce pure. Et lorsque le révérend retourne à sa table de travail, les lettres qu’il brûle d’écrire sont pour sa femme Jane, non pour son roi.
Chaque soir, ce récit continue, Charles suit Corrag à travers les Highlands enneigés, sous les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse des heures de chevauchée solitaire. Chaque soir, à travers ses lettres, il se rapproche de Corrag, la comprend, la regarde enfin et voit que son péché est son innocence et le bûcher qui l’attend le supplice d’un agneau.
~ Un bûcher sous la neige, de Susan Fletcher – J’ai Lu
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Ce roman a dû patienter pendant des années dans ma bibliothèque. Intriguée dès que Margaud Liseuse en a fait l’éloge, j’attendais le moment idéal, pour pouvoir m’y plonger dans les meilleures conditions possibles ; et quel délice d’avoir enfin pu le découvrir…
Le roman se divise entre deux récits : celui du révérend Charles, venu interroger Corrag dans le cadre de son enquête, et celui que Corrag lui livre, de sa naissance à ses derniers jours. Si le premier laisse transparaître un certain nombre d’enjeux et de thématiques intéressantes, c’est avant tout le deuxième qui m’a complètement emportée. Corrag est un personnage hors du commun : mûe par un amour inconditionnel pour le monde qui l’entoure et les êtres qui l’habitent, elle traverse des épreuves épouvantables. Pourtant, elle conserve un certain optimisme et une simplicité qui font d’elle, bien plus que sa naissance ou son parcours, la femme véritablement libre que l’on condamne tout au long de son périple.
Plus que l’intrigue apportée par Charles, dont l’évolution est finalement assez rapide, c’est l’ambiance du récit de Corrag qui m’a emportée, cette atmosphère contemplative où l’immobilité est parfois bien plus touchante que le moindre dialogue. Avec ses mots, Corrag parvient à donner corps à cette Écosse sauvage et magnifique, battue par les vents, habitée de mille vies, humaines et animales, présentes et passées… Elle pose sur le monde un regard empreint de lumière, sans pour autant renier chacune des épreuves qu’elle a traversées : je l’ai trouvée profondément marquante, et c’est un personnage qui fera longtemps écho en moi…
C’est une lecture qui m’a énormément touchée, avant tout pour le personnage qu’elle m’a permis de rencontrer : cette femme éprise d’amour et de liberté… Je vous conseille chaleureusement cette lecture, qui j’espère saura vous transporter autant que moi !