Le Clan des Otori, la fresque de la famille au héron

Sauvé du massacre des siens par le chef du clan des Otori, le jeune Takeo est précipité dans un monde de violence où il doit trouver sa voie, alors que son cœur brûle pour la belle Kaede. Leur amour survivra-t-il à la guerre et à la haine, aux alliances promises ou rompues ? Bientôt héritier du clan, le chemin qu’il choisira le conduira au paroxysme du danger, de l’épreuve et du sacrifice, au cœur d’un Japon féodal mythique… Dans la fureur des hommes et le déchaînement des forces de la nature, Takeo et Kaede accompliront leur grand destin.
~ Le Clan des Otori, de Lian Hearn – Folio
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Je dois avouer que cette saga, aussi mythique fut-elle, ne m’avait jamais particulièrement tentée. Je l’avais vue de loin sans qu’elle ait ce petit quelque chose qui me fasse m’en approcher ; jusqu’à ce que, récemment, on me dise « lis-les ». Donc je les ai lus. Et adorés.

L’autrice, passionnée par la culture et l’histoire japonaises, a su rendre de manière captivante l’ambiance d’un Japon féodal fantasmé. Depuis les paysages paisibles et montagneux jusqu’aux personnages à l’honneur sans faille et aux habitudes ancestrales, j’ai été conquise par chaque détail apporté avec soin par l’autrice, ainsi que par l’atmosphère sensible et poétique qui s’en dégage. Seul écart à l’historicité (hors les lieux et famille existants) : un soupçon de magie apporté par les pouvoirs légèrement surnaturels d’une lignée secrète, qui sauront jouer leur rôle le moment venu…

La première chose qui m’a sauté aux yeux quand j’ai commencé ma lecture, et que j’ai adorée de la première à la dernière page, a été la narration : toute en humilité, de celles qui trouvent toujours les mots simples mais justes. En quelques phrases seulement, l’autrice sait décrire la densité d’un personnage, la complexité de ses émotions, la beauté d’une scène, l’ampleur d’une action… Chaque paysage est magnifiquement dépeint, ligne après ligne, comme une estampe aux couleurs douces. Chaque personnage est passionnant, et suit au cours de la trilogie une évolution toute en nuances. Takeo et Kaede notamment, les protagonistes, nous sont présentés de manière très proche, presque intime, et parfois dans leurs moments les plus sombres ; pourtant, ils gardent toujours une certaine lumière, et j’ai presque eu la sensation que l’autrice tenait à les traiter toujours avec beaucoup de respect.

Au-delà de cette atmosphère et de cette narration qui m’ont envoûtée, l’intrigue est également passionnante : c’est un concentré d’action et de combats, de complots et de trahisons, de conflits entre familles et de lignées secrètes avec leur soupçon de magie… et au milieu de tout ça tente de fleurir une très belle histoire d’amour, pourtant impossible du fait de destinées opposées. On plonge parfois dans des scènes violentes, assez crues, et les événements sont profondément tragiques ; pourtant cela n’est pas fait de manière pesante : l’ensemble est très bien équilibré, et la narration toute en douceur et subtilité permet de faire remonter un peu de lumière et d’espoir dans toute cette obscurité !

Je suis parvenue à lire les trois tomes de cette saga d’une traite, et ce fut une expérience exceptionnelle que de rester dans cet univers et auprès de ces personnages aussi longtemps ! Si ce n’est pas déjà fait, je vous conseille chaleureusement de découvrir Le Clan des Otori sans tarder ; quant à moi, je remercie la personne qui me l’a mis entre les mains, et je m’en vais me plonger dans le tome 4 auprès de la génération suivante des Otori…

Tragédie baryonique, orques de métal et tortue des étoiles

2173. L’humanité se remet progressivement de la grande migration climatique qui a décimé sa population. Le progrès scientifique est au point mort.
Seule perspective possible : mettre la main sur les gisements d’antimatière qui doivent se cacher quelque part dans l’espace. A cette fin, des mineurs d’espace-temps génèrent des trous de ver pour explorer les strates de l’Univers.
Sara et Slow sont ainsi embarquées dans le module Orca-7131. Mais une avarie improbable transforme cette mission de routine en catastrophe. Une expédition de la dernière chance s’organise alors – une tentative de sauvetage qui va peut-être marquer le retour de la denrée devenue la plus rare : l’espoir.
~ La trilogie baryonique, tome 1 : La tragédie de l’orque, de Pierre Raufast – Aux Forges de Vulcain
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Ce livre a été reçu et est chroniqué dans le cadre d’un service presse : merci à la maison d’édition pour sa confiance !

Je connaissais l’auteur par plusieurs de ses précédents titres. J’avais beaucoup aimé le style narratif unique qu’il proposait alors, presque sous forme de poupées russes qui s’ouvrent à la suite des autres, exercé plutôt dans un style contemporain. J’étais donc très curieuse de le découvrir dans ce premier essai de science-fiction !

S’il n’a pas repris ici cette construction narrative particulière, il se dégage malgré tout ce petit quelque chose de raufastien qui m’a beaucoup plu. L’univers de science-fiction qu’il propose ici n’est pas de ces univers complexes, très lointains et complètement différents, ni une version post-apocalyptique de notre univers, plus proche mais traumatisé. À l’opposé de tout ça, l’auteur m’a semblé faire presque une proposition, extrapolée de nos avancées technologiques actuelles et de celles qui pourraient être celles de demain. Il met donc en place atmosphère très réelle, très proche de nous et de notre société contemporaine, mais sans jugement et sans pessimisme appuyé, ce que j’ai trouvé rafraîchissant et très bien mené !

Côté intrigue, là aussi l’auteur propose quelque chose de très tangible, à la hauteur de simples individus à qui il arrive la mauvaise chose au mauvais moment. Bien sûr, les enjeux sont grands, mais il s’agit avant tout de deux humains qui tentent de sauver deux autres humains, et d’encore d’autres humains qui ne peuvent qu’attendre en angoissant… Encore une fois, c’est une simplicité que j’ai trouvée rudement efficace, et qui m’a happée jusqu’au bout !

Mais si simplicité il y a, le roman est loin de manquer de profondeur. J’ai trouvé les personnages très bien construits, avec suffisamment de nuances pour les rendre profondément réels, sans tomber pour autant dans l’exagération de personnages torturés (bien qu’il y en ait un ou deux dont on a très envie de découvrir les secrets…). Avec énormément de naturel, l’auteur profite du cadre qu’il a mis en place pour aborder un certain nombre de thématiques. On parle donc par exemple de la présence des IA dans notre quotidien, de la course à l’avancée technologique ou encore des relations familiales à distance. Là encore, il n’apporte aucun jugement, et se contente de les présenter comme partie intégrante de notre monde, avec leurs problématiques, leurs avantages et leurs défauts…

Bien entendu, la fin de ce premier tome présage de nombreuses conséquences, et je suis très curieuse de découvrir comment les choses vont se développer. En tout cas, cette première excursion de Pierre Raufast au pays de la science-fiction m’a énormément plu, avec une approche que j’ai trouvée très fraîche du genre : il parvient à coller à tous ses codes, tout en proposant une atmosphère complètement différente de tout ce que j’ai pu rencontrer pour l’instant… Je vous conseille donc chaleureusement de foncer découvrir ce premier tome d’une trilogie qui promet de belles choses !

The Walking Souris : Scurry

Un groupe de souris domestiques lutte pour survivre à un long et étrange hiver. Les humains ont disparu, le soleil se pointe rarement et une pluie froide et sombre empoisonne tout ce qu’elle touche. Les souris, qui dépendaient des humains pour se nourrir, s’accrochent obstinément à leurs vieilles habitudes, pillant les maisons abandonnées à la recherche des restes qu’elles peuvent trouver…
~ Scurry, tome 1 : La colonie condamnée, de Mac Smith – Delcourt
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Voici ma lecture d’Halloween ! Un crâne sur la couverture, des couleurs sombres et automnales, une lecture graphique rapide : que demander de plus pour une telle journée ?

D’ordinaire avec les graphiques, j’ai la sensation de survoler l’histoire et ses personnages plus que d’y plonger tête la première. Ça ne m’empêche pas forcément d’apprécier, mais me laisse souvent un arrière-goût de « j’en aurais voulu davantage ». Dans Scurry, j’ai été happée dès le début. L’efficacité de la narration et la présentation des personnages m’ont immédiatement convaincue, et j’ai vécu cette lecture avec beaucoup d’intensité et d’émotions.

Et quelles émotions… Plus que dans un univers effrayant, on est ici face à une situation complexe, où la survie d’un peuple de souris est en péril. Un peu à la « The Walking Dead », le danger réside autant dans la menace au-dehors que parmi les individus du groupe… Ce fut donc une agréable surprise, d’autant plus que la narration traite son sujet de souris et de chats avec une maturité à laquelle je ne m’attendais pas.

Et vous, quelle a été votre lecture d’Halloween ? Ou la lecture qui, selon vous, correspond le mieux à la saison ?

Steam Sailors : embarquement immédiat à bord de l’Héliotrope

Il fut un temps où les Alchimistes nourrissaient le Haut et Bas-Monde de leurs inventions merveilleuses, produits de magie et de science. Un temps de machines extraordinaires, de prodiges électriques et d’individus aux pouvoirs fantastiques. Une époque révolue depuis que les Industriels ont éradiqué les Alchimistes et leur formidable savoir. Pourtant, on raconte qu’à l’aube de leur disparition, ils auraient caché leur fabuleux trésor dans une cité secrète…
Quatre siècles après la Grande-Fracture, les habitants du Bas-Monde traversent une ère obscure et rétrograde, tandis que le Haut-Monde, figé depuis l’extinction des Alchimistes, demeure inaccessible et fait l’objet de tous les fantasmes. Originaire du Bas-Monde, Prudence vit en paria car elle voit l’avenir en rêves. Une nuit, son village est attaqué par des pirates du ciel. Enlevée et enrôlée de force à bord de l’Héliotrope, un navire volant à la sinistre réputation, la jeune orpheline découvre un nouvel univers, celui du ciel et des pirates. Prudence fait la connaissance des membres de l’équipage, qui ne tardent pas à lui révéler leur secret : ils détiennent un indice, menant à une série de « clefs » disséminées dans le monde, qui permettait de retrouver la cité des Alchimistes…
~ Steam Sailors, tome 1 : L’Héliotrope, d’Ellie S. Green – Gulf Stream
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Après en avoir énormément entendu parlé, et alors qu’il faisait partie des recommandations de cet été pour le Challenge SFFF, je me suis enfin décidée à découvrir cette trilogie jeunesse à succès, et spoiler alert : j’ai beaucoup aimé !

J’ai trouvé l’univers très bien construit : en peu d’éléments, l’autrice met en place un monde crédible, avec son histoire, sa magie, ses continents… L’ensemble est parfaitement dosé pour qu’on ne se perde pas dans les détails tout en étant immédiatement happé.e par cette ambiance si singulière à base de bateaux volants et de vent dans les cheveux ! Quant à l’intrigue, elle fonctionne tout aussi bien. Tout au long du roman, on est embarqués avec la jeune Prudence dans un enchaînement de péripéties et de révélations qui ne faiblit jamais ! J’adore cette atmosphère de récit d’aventure jeunesse, de chasse au trésor et de secrets enfouis, et j’ai été joliment servie ici.

Autre tour de force de l’autrice : au-delà d’un univers authentique et d’une intrigue toujours plus prenante, elle parvient à proposer tout un éventail de personnages tous plus attachants les uns que les autres, équipage de bourrus au grand cœur. La confiance et la bienveillance qui les lie et qu’intègrera rapidement Prudence fait chaud au cœur, et ajoute au roman cette petite dose chaleureuse qui donne immanquablement envie d’y revenir… Et en ce qui concerne Prudence, je l’ai trouvée débrouillarde et dégourdie ; ses moments de doute n’en sont que plus touchants, et je suis curieuse de découvrir le secret que cache son passé…

J’ai passé un très bon moment à bord de l’Héliotrope : aventure et chasse aux trésor, secrets et magie… J’y retournerai avec grand plaisir avec les tomes suivants ; et si ce n’est pas encore fait, je vous conseille chaudement de, vous aussi, monter à bord !

Retour en Terre du Milieu : relecture intégrale du Seigneur des Anneaux, de J.R.R. Tolkien

Une contrée paisible où vivent les Hobbits. Un anneau magique à la puissance infinie. Sauron, son créateur, prêt à dévaster le monde entier pour récupérer son bien. Frodo, jeune Hobbit, détenteur de l’Anneau malgré lui. Gandalf, le Magicien, venu avertir Frodo du danger. Et voilà déjà les Cavaliers Noirs qui approchent…
C’est ainsi que tout commence en Terre du Milieu entre le Comté et Mordor. C’est ainsi que la plus grande légende est née.
~ Le Seigneur des Anneaux, Intégrale, de J.R.R. Tolkien – Éditions Pocket (2018) – nouvelle traduction de Daniel Lauzon
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Après avoir lu le Seigneur des Anneaux adolescente, j’en ai été tellement marquée que l’univers est toujours resté avec moi, et que j’ai toujours continué d’y naviguer, explorant les films de Peter Jackson, les autres adaptations, les autres écrits de l’auteur, le MMO… Pourtant, je n’ai jamais vraiment relu cette « trilogie originelle », et récemment le besoin s’en est fait urgent ! Profitant d’avoir pu mettre les mains sur la nouvelle traduction, je m’y suis plongée avec délectation.

Au premier abord, cette nouvelle traduction déstabilise : la majorité des noms ont été modifiés, et il faut reprendre ses repères… Mais au-delà de ça et d’une ou deux phrases un peu bancales dans l’introduction, j’ai été plutôt conquise. À vrai dire, je suis loin de connaître la première traduction par cœur, et n’ai pas vraiment cherché à faire la comparaison : j’observe simplement que cette lecture de la nouvelle traduction s’est faite sans accrocs !

J’ai pu constater que le Seigneur des Anneaux, et la Terre du Milieu de manière générale, est resté même aujourd’hui un univers qui me touche particulièrement. Je pense qu’après toutes ces années passées à l’explorer de différentes manières, cette relecture m’a d’autant plus happée : en ayant beaucoup joué au MMO par exemple, je connais très bien certaines régions pour m’y être « promenée » un paquet de fois, et y retrouver les personnages rend leurs aventures d’autant plus réalistes à mes yeux. Il en va de même pour certains peuples, certains pans de l’histoire, qui me sont plus familiers maintenant, et qui ont participé à apporter encore davantage de profondeur à cette relecture.

Encore un moment magique, donc, plongée dans l’univers de J.R.R. Tolkien, et qui m’a fait un bien fou… Et maintenant, je m’attaque (enfin) au Silmarillion ?