Se perdre dans la Vorrh

La Vorrh est une forêt merveilleuse et effrayante. Tous ceux qui y pénètrent y trouvent soit la mort, soit l’oubli. Néanmoins, elle exerce une fascination quasi magnétique et un attrait irrésistible. On dit que le jardin d’Éden est dissimulé en son cœur. Personne ne l’a jamais explorée en entier, elle serait sans fin.
Pourtant, un homme a entrepris le périple. Un ancien soldat qui a tout abandonné pour suivre sa bien-aimée, Este. À sa mort, il a, suivant d’antiques rituels, emprisonné son esprit dans un arc et, écoutant ses murmures, s’est lancé sur la route…
~ Vorrh, de Brian Catling – Pocket
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Attirée par sa couverture presque hypnotique et son résumé particulièrement énigmatique, je me suis plongée dans Vorrh… Et quel voyage ce fut !

Il s’agit d’un roman profondément déconcertant, de la première à la dernière page : différents récits s’emmêlent, et les liens qui les relient se dévoilent très lentement, voire pas du tout (pour l’instant). Tantôt d’une poésie magnifique, tantôt bien plus violent, malaisant et parfois presque glauque, la narration traverse les extrêmes et toutes leurs nuances, pour donner corps à cette présence étrange de la Vorrh. L’atmosphère est brumeuse, pesante, étouffante, suffocante. Les repères sont absents, et la seule certitude est cette forêt mystérieuse, millénaire, où se terrent les légendes les plus envoûtantes. Les personnages gravitent autour, aussi subjugués et répugnés que les lecteurs, refusant d’y mettre un pied mais rêvant des pouvoirs qu’elle contient. D’ailleurs, dans tous les événements que l’on suit, quelle est la part de cette force mystique qui pèse sur la population, quelle est la part du simple esprit humain soudain dépourvu de toute limite ?

J’avoue avoir ressenti peu d’attachement émotionnel pour les personnages (bien que je soupçonne que ça ne soit pas l’objectif de l’auteur), et je regrette que finalement on n’entre qu’assez peu dans la Vorrh, qui demeure plutôt une présence pesante autour des personnages. Le récit avance lentement, très lentement, et de manière énigmatique, très énigmatique ; je n’ai pourtant pas pu m’empêcher de le dévorer, fascinée autant par la beauté que par l’horreur qui se déroulaient sous mes yeux. C’est le genre de lecture sur lequel il n’est pas vraiment possible de mettre des mots : amas de sensations, de questionnements parfois vains, c’est l’une de ces expériences de lecture indéfinissables et pourtant inoubliables.

Si vous cherchez un voyage littéraire hors du commun, qui vous emmènera loin, bien loin des sentiers battus, plongez dans celui-ci : quoi qu’il en soit, il ne vous laissera pas indifférent.e. Pour ma part, bien que la fin puisse se suffire à elle-même, je ne tarderai pas à lire les deux tomes suivants : de nombreuses questions demeurent encore sans réponses, et je n’ai pas fini de me laisser fasciner par cette forêt…

4 commentaires sur “Se perdre dans la Vorrh

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